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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 21
Nom de l'œuvre : Recueil d'OS Harry Potter Nom du chapitre : Haut-le-coeur Partie 1
Écrit par Whitewolf Chapitre publié le : 19/4/2012 à 15:53
Œuvre lue 32364 fois Dernière édition le : 19/4/2012 à 15:53
C'est une histoire qui a traîné trèèèèèèèèès longtemps à l'état de brouillons... En même temps, j'ai calculé que j'ai à peu près 35 squelettes plus ou moins complets de fanfics diverses et variées dans mes tiroirs, plus environ deux carnets de notes complets sur mon gros projet de fic à chapitre. Bref, j'ai écrit ce texte pour l'anniversaire d'une amie sur HPF que j'apprécie beaucoup, quoiqu'elle puisse penser de moi depuis quelques mois.

Personnages : Ginny Weasley, Drago Malefoy
Catégorie : Romance pas trop dégoulinante, Humour (enfin, j'essaye quoi...)
Epoque : 7ème année de Harry Potter, Univers alternatif

Résumé : Univers alternatif : ne tient pas compte des tomes 6 et 7. Voldemort est décédé l'année précédente, personne n'est mort à part lui (je suis un Bisounours, et j'assume).
Drago doit escorter la jolie cadette des Weasley au cours d'une sortie scolaire ayant pour thème la première Fête Foraine sorcière...


Poudlard, Grande Salle, un soir de Mars, pendant le dîner. Septième année de Drago Malefoy, qui était en train d’hésiter entre sorbet au potiron ou tarte à la rhubarbe. Cruel dilemme s’il en est… Quand enfin il tendit sa main vers son choix…
- Mes chers élèves, j’espère que vous avez bien mangé.
Le vieux s’apprêtait à faire un discours. Drago suspendit tout mouvement, concentré. Qu’est-ce-que Dumbledore avait bien pu encore inventer ?
- Comme vous ne le savez peut-être pas, une fête foraine sorcière sera organisée à partir du dernier dimanche de ce mois, pendant trois semaines.
En effet, il ne savait pas. Et il ne savait pas non plus ce qu’était une fête foraine.
- Pour celles et ceux d’entre vous qui ne saisissent pas ce concept, une fête foraine est un évènement qui permet de participer à plusieurs attractions, mettant en jeu votre force, votre adresse, votre courage, voire les trois ensemble. C’est un loisir venant du monde Moldu, qui existe depuis des siècles, sous différentes formes selon le temps ou le lieu.
Minute papillon. Additionner ensemble Dumbldedore, Moldu et loisirs donnait rarement de bons résultats. Où était le piège ?
- J’ai obtenu des organisateurs qu’ils autorisent les élèves de Poudlard à tester ces attractions d’un nouveau genre en avant-première, le samedi précédant l’ouverture.
Argh ! Une échappatoire. Vite ! Par Merlin, où était ce bon de commande de Boîtes à Flemme ? Pense, Drago, pense !
- Certaines de ces attractions ont profité des aménagements et des connaissances d’Arthur Weasley.
Ça promettait. Combien de cercueils de prévus ? La dernière fois que Drago avait vu ce bon, c’était dans sa chambre.
- D’ailleurs, Mlle Granger et Mr Potter ont eux aussi apporté leurs connaissances du monde Moldu à ce projet.
De mieux en mieux. Il se revoyait poser la feuille de papier quelque part, mais où ?
- J’ai projeté de transformer cette sortie en travail scolaire. Ouverte aux Septièmes années, vous vous mettrez par paire afin de rédiger un compte-rendu sur une de ces attractions en particulier. Les paires sont libres, et vous pouvez vous adjoindre le concours d’un élève de Sixième année si vous le désirez. Quant aux élèves qui se sentiront lésés par ces règles, notamment les autres années, sachez que de toute façon, des voyages seront organisés le dimanche de la semaine suivante pour permettre à l’ensemble du Collège d’y participer.
Il se souvenait presque. Merlin que la mémoire était lente quand on en avait besoin. Les soupirs désabusés qui venaient de sa table le confortaient dans sa volonté.
- Naturellement, ce projet n’a d’intérêt que si les participants sont tous volontaires, donc vous n’êtes pas obligés de venir.
Ça y est ! Le bon était… Pardon ? Pas obligatoire ? Il pouvait donc échapper à ça ? Il faudrait élever un autel à la gloire de la déesse Bonne Fortune. La vague de soulagement qui l’envahit l’empêcha d’entendre le reste du discours du vieux fou, de toute façon assourdi par les soupirs et murmures de satisfaction autour de lui. Se rappelant son cruel dilemme d’avant le discours, Malefoy jeta un œil aux deux assiettes devant lui… vides. Inutile de se demander où étaient passés ces gourmandises, avec Crabbe et Goyle pour voisins…

Deux jours après cette soirée suspense, Drago était à la Bibliothèque pour préparer un devoir de Métamorphose. Loin de l’enchanter, cette tâche n’en était moins obligatoire, car de bonnes notes en Métamorphose, matière chère aux Sorciers de vieille souche, étaient obligatoires pour pouvoir ensuite accéder aux fonctions administratives. Donc, tout en soupirant et maugréant sur la vieille pie de McGonagall, Drago écumait les rayons de l’antre de Madame Pince à la recherche de grimoires trop poussiéreux pour être honnêtes. Alors qu’il commençait à en avoir une pile plus que respectueuse sur le bras, il décida de retourner à sa table. Quand il eut posé ces précieux (et lourds) livres, il s’aperçut que Pansy se tenait à côté de lui. Il lui fit un signe de tête (déjà qu’il était mal vu de Pince, pas la peine de la provoquer en brisant le silence du lieu) et s’assit lourdement, tirant une grimace proche de celle d’un condamné devant l’échafaud. Après quelques instants, il tourna la tête vers Pansy qui n’avait pas bougé. Il fronça les sourcils, et formula sans parler la phrase « Que veux-tu ? ». Elle secoua la tête et lui répondit de la même façon « Pas ici ». Un moment d’effarement passa dans la tête de Drago, qui croyait qu’elle avait enfin abandonné ces idées de fiançailles depuis l’année dernière. Mais la tête qu’affichait Pansy, reflétant une certaine indécision, le rassurait quelque peu. Il se releva et lui fit un signe de tête vers la porte de la bibliothèque.

Une fois sortis, ils s’arrêtèrent dans une salle de classe vide.
- Je répète ma question, que veux-tu ?
Voir Pansy hésiter n’était pas vraiment courant. Mais ils avaient tous changé depuis l’année dernière et sa conclusion violente, où nombreuses convictions étaient parties en éclat. Drago se souvenait de ce moment comme un passage d’un monde à un autre. Il n’allait pas sauter au cou des Moldus ou faire des pyjamas party avec Hagrid, mais il avait été forcé de reconnaître que sa vision du monde avait été quelque peu restrictive. Si on observait rapidement, rien n‘avait vraiment changé. Mais quelqu’un d’un peu plus curieux aurait vu poindre autre chose derrière les piques et les rivalités : du respect. C’était peu et pourtant tellement… Pansy était une de celles qui avaient vraiment pris la vague de face. Mais elle s’en était remise…
- Drago, est-ce que tu vas participer à la sortie organisée par Dumbledore ?
Une seconde fut nécessaire au jeune Malefoy pour se remettre dans le contexte. Sortie, parc d’actr… acrat… bref, Moldu. Par Merlin, que voulait-elle sous-entendre par cette question ? Y participait-t-elle ? Elle voulait qu’il l’accompagne ? Il fallait lui faire comprendre que son ouverture d’esprit n’allait pas jusque là. Son honneur était en jeu.
- Non, je n’y compte pas. Cela ne m’attire pas spécialement.
Et c’était peu dire. Hors de question qu’il mette les pieds là-bas. A sa connaissance, tous les élèves de Septième année de Gryffondor et de Poufsouffle s’étaient inscrits. Et ça présageait déjà un voyage mouvementé. Mais en plus devoir tester des amusements Moldus (dont il n’avait aucune idée néanmoins) modifiés par des fous en les mélangeant avec de la Magie, c’était au-dessus de ses forces. Ce n’était pas pour rien qu’il était à Serpentard, le courage (enfin, dans ce cas-là il aurait parlé plutôt de témérité) n’était pas la première de ses (nombreuses bien sûr) qualités.
- Moi je vais y aller. J’ai accepté l’invitation de Hermione Granger.
- Pardon ?
Le problème avec le cerveau humain, c’est qu’il a tendance à toujours commencer par établir cent milles théories pour chaque information quelque peu surprenante qu’il reçoit. Drago eut l’impression d’avoir passé pendant cinq secondes dans une bulle temporelle le temps de trier toutes les idées qui lui venaient à l’esprit, car il a du demander à Pansy de recommencer son explication.
- Nous avons fait un exposé ensemble en Arithmancie avant les vacances de Noël, et à ma grande surprise, cela s’est relativement bien passé, si on oublie un démarrage très difficile. Depuis, nous avons pris l’habitude de travailler l’Arithmancie ensemble. Ce n’est pas la grande amitié, et j’ai toujours beaucoup de mal à supporter ses amis, qui heureusement se font très discrets. Il faut croire que son petit ami a fait passer le mot.
- Il y a deux ans, j’aurai sûrement pondu un long discours sur la dignité Serpentarde, et tout ce qui s’ensuit. Même si les Gryffondors m’horripilent toujours, je vais faire ressortir mon côté intelligent et considérer ta position comme sensée. Mais il reste une question.
- Laquelle ?
- En quoi cela me concerne ?
- En rien. Mais je voulais que tu le saches. Après tout, tu es pour moi ce qui se rapproche le plus d’une personne de confiance.
- Euh… Merci.

Pansy ayant un cours commençant dans quelques minutes, la conversation fut heureusement écourtée, car le tour personnel qu’elle commençait à prendre déstabilisait beaucoup le jeune Malefoy. Finie l’époque où il existait surtout contre les autres. Et maintenant, se trouver une identité était plus difficile. Mais les Malefoy n’étaient pas du genre à s’apitoyer sur eux-mêmes. Et la prise de conscience de Drago ne datait pas d’aujourd’hui. Il n’empêchait qu’il restait très difficile de répondre à des sentiments, quelqu’ils soient. Et de gérer les changements. Pansy amie avec Granger. Du coup, il allait falloir qu’il révise sa liste de piques potentielles sur les Gryffondors, s’il ne voulait pas s’aliéner sa camarade. Mais après tout, les bons politiciens savent s’adapter aux changements. Et s’il voulait faire carrière dans la politique, nul doute qu’il lui faudrait savoir faire des compromis. Remisant ça dans un coin de sa tête, il s’en retourna dans la Bibliothèque. De toute façon, cette histoire de Parc ne le concernait pas.

Quelques jours plus tard, Drago avançait dans l’aile Ouest du Château, relisant les ultimes notes du devoir d’Histoire qui s‘annonçait. Merlin seul savait à quel point cette matière pouvait être assommante. Et le Professeur Binns n’arrangeait rien. Il faudrait sérieusement songer à le remplacer un jour. Encore une histoire de guerre, dans les méandres de l’Ecosse du XVIème siècle, entre des Loups-Garous et des Vampires. Et on se demandait où les Moldus tiraient le peu d’originalité de leurs histoires fantastiques… Alors qu’il retenait les principales dates de la chronologie, il commença à descendre un escalier. Soudain son cerveau émit une alerte. Marche piégée. Trop tard. Les cinq dernières marches furent dévalées plus vite que prévue, et Drago, les yeux fermés, crut sa dernière heure arrivée.
« SCHPLOUF ! Aaaaaaïeuh ! »
Tiens, le sol était plus confortable qu’il ne l’avait pensé. Et il ne se souvenait pas avoir une voix aussi aigüe. Ouvrant les yeux, il comprit que quelqu’un venait d’amortir sa chute. Il croisa un regard marron légèrement embué de larmes. Un très joli regard marron. Un autre problème du cerveau humain. Il a tendance lors d’une surcharge nerveuse à ne focaliser qu’une chose afin de fluidifier les pensées. Et en l’occurrence, Drago ne pouvait se détacher de ces yeux, le temps d’oublier sa douleur (et essayer de reprendre un minimum de contenance, que diable). Les taches de rousseur et les cheveux roux autour, par contre, lui laissaient présager d’une mauvaise rencontre. Devinant sur qui il était allongé, il se releva prestement. La cadette Weasley. Il venait d’échanger un long coup d’œil avec Ginny Weasley. Bon, un minimum de galanterie n’ayant jamais tué personne (quoique…), il lui tendit la main pour l’aider à se relever. Pas un mot n’avait été échangé depuis le cri de la jeune fille lors de l’impact. Elle accepta l’aide qu’il lui offrait et se redressa. Tous les deux s’époussetèrent gauchement. Leurs regards se croisèrent à nouveau, et Drago se sentit obligé de murmurer un vague « désolé ». Par Merlin, mais où était donc passée sa morgue et sa répartie quand il en avait besoin ? Le jour où il s’était interdit les attaques gratuites, il aurait mieux fait de se mordre la langue. Bon, elle n’avait pas l’air plus choquée que ça, et il avait respecté le minimum de politesse requis, on pouvait oublier cette histoire. Il récupéra sa feuille (légèrement froissée) et se retourna… pour voir le Professeur Lupin devant la porte de son bureau, qui se trouvait juste au bas de cet escalier. Il avait l’air plus amusé qu’autre chose, ce qui n’engageait rien de bon. Le Professeur avait surement été attiré par le cri de la jeune fille.

- Et bien, quel vacarme. M. Malefoy, vous me semblez faire preuve d’une certaine maladresse, surtout dans vos rapports avec les jeunes femmes de cette école.
- Professeur, s’écria en rougissant Ginny, ce n’est pas ce que vous croyez !
- Mais je ne crois rien du tout…
La lueur dansant dans les yeux du Lycanthrope acheva de déstabiliser la Gryffondor, qui baissa les yeux. Drago par contre trouvait assez déplacé un tel humour, qu’il estimait indigne d’un Professeur, surtout étant donné que l’étiquette empêchait les élèves d’y répondre comme il se devait.
- Désolé de vous avoir importuné Professeur. Weasley.
Pensant enfin pouvoir tirer un trait là-dessus, il entama un pas dans le couloir.
- Un instant M. Malefoy. Il serait juste que vous vous fassiez pardonner par Mllle Weasley, non ? Je trouve particulièrement dommage que malgré les évènements récents, les Serpentards et les Gryffondors restent sur une rivalité poussée. Et les jeunes générations à venir, qui n’auront pas subi cette épreuve, pourraient facilement retomber dans les travers de leurs aînés. J’aimerai bien désamorcer cette situation, parce qu’il faut voir plus loin que le lendemain. Voldemort est tombé, mais il n’était ni tout seul, ni décrié par l’ensemble de la population.
- Et alors Professeur ? Voudriez-vous que les Gryffondors et les Serpentards se fassent des câlins ?
- C’est une idée. Non, je plaisante. Mais je pense que malgré les progrès qui ont été faits, se contenter d’un léger apaisement ne suffit pas. Les deux Maisons peuvent travailler ensemble, comme elles travaillent déjà avec chacune des autres Maisons. Transformons la rivalité en une saine émulation.
- A mon avis, cette vision est… idéaliste.
- Oui et non. Nous ne pourrons jamais empêcher des groupes d’élèves de se détester, les inimitiés personnelles sont le propre de l’être humain. Mais ce n’est pas en tant qu’individu qu’il faut voir, mais bien au niveau supérieur, celui des Maisons. Si les symboles de ces Maisons sont capables de s’entendre et de coexister, alors cela orientera les autres dans cette voie.
L’échange était suivi par une Ginny Weasley assez perplexe devant la scène qui se jouait devant elle. Mais Drago appréciait les arguments du Professeur à leur juste valeur.
- Vous parlez, reprit-il, de la manipulation des foules. Vous voulez changer les mentalités en appuyant sur les bons leviers. Mais pourquoi ne pas laisser faire les moyens normaux, telle que la Gazette ?
- La Gazette atteint le monde Adulte d’aujourd’hui. Les élèves qui vont sortir de Poudlard seront ceux qui tireront les ficelles du monde de demain. Mais après eux, il y aura une autre génération, formée elle aussi à Poudlard. A quoi serviront les efforts de la première génération, si la troisième et les suivantes sapent les fondations qu’ils auront eu du mal à reconstruire ?
- D’accord Professeur. Je pense que vous accordez trop d’importance à Poudlard. Mais admettons que vous ayez raison, afin de clore cette discussion, essentiellement parce que j’ai un devoir d’Histoire dans une vingtaine de minutes. Pourquoi me… nous parler de ça ?
- Désolé, je me suis peut-être emporté. Mais j’ai toujours aimé développer mes idées. Le fait est que je voudrai influencer l’avenir. Et que vous pouvez m’aider à le faire.
- Moi ?
- Non, vous. Vous deux.
- Pardon ?
Ginny s’était réveillée. Et Drago commençait à paniquer.
- Mais, Professeur Lupin, c’était juste un accident, Drago m’est tombée dessus parce qu’il a raté une marche, et…
- Je me suis dit, poursuivit-il sans tenir compte de l’intervention de Ginny, qu’il serait intéressant de créer un deuxième duo Gryffo-Serpentard, ou Serpo-Gryffondor, pour la sortie éducative à la Fête Foraine Sorcière. Si j’ai bien suivi, aucun de vous deux n’y va. Cela limitera le caractère exceptionnel de l’association des demoiselles Granger et Parkinson.
- Vous voulez que nous jouions les potiches ?
Ginny était interloquée, mais elle présentait les choses assez justement malgré le terme cru. Drago plus au courant des manœuvres politiques comprenait cependant les tenants de cette idée, mais son cœur lui hurlait les raisons qui rendaient cette idée ridicule.
- D’accord.
Pardon ? Que venait de dire Weasley ?
- Mais moi non. Professeur, j’ignore comment on est arrivé là, mais je ne veux pas aller là-bas. Ces « acrattions » ne me tentent pas, et je soupçonne fortement de graves manquements à la sécurité la plus élémentaire. Que ceux que ça amuse y aille, mais pas moi.
- Drago Malefoy a peur ?
Bon, là il était presque grillé. C’était trop facile pour une fille de jouer avec la fierté masculine. Heureusement, Drago était tout à fait capable de piétiner sa fierté s’il le fallait.
- Oui. Merlin seul sait ce qu’ils ont bien pu trafiquer, et je préfère ne pas être celui qui va découvrir les problèmes. Je n’ai pas survécu à la guerre pour mourir ensuite pour le plaisir des beaux yeux d’une demoiselle.
- Des beaux yeux ? C’est vrai que tu m’as jeté un drôle de regard tout à l’heure…
- C’était une expression. Et je ne t’ai pas jeté de drôle de regard.
Pas de fierté et il était de mauvaise foi en plus. Mais les apparences valent plus que tout.
- Vous savez, M. Malefoy, le Ministre sera là aussi, avec une partie de ses conseillers.
Touché. Et vu les tendances actuelles, qui prêchaient l’entente entre tout le monde et le retour des relations avec les Moldus, se faire voir avec une Gryffondor là bas par le Ministre serait dans l’air du temps. Drago se reprit. Il ne pouvait pas aller là-bas, et il allait clairement le leur signifier.

Le mot clairement était peut-être de trop, finalement. La mort dans l’âme, Drago se préparait pour ce qui serait sans doute la deuxième pire journée de sa vie, la première étant celle où sa mère l’avait récupéré dans le wagon du Poudlard Express dans un état plus que lamentable. Mais comment s’était-il laissé convaincre ? Cette question le torturait encore, et il essayait de ne pas y repenser, il avait trop tendance à se mettre des gifles mentales ces moments-là. Le bon côté des choses était qu’il n’avait maintenant plus de comptes à rendre à personne. Sinon à sa conscience… Fin Mars, le temps était mitigé. Weasley avait parlé de choses en extérieur, peut-être actives. Et dire qu’il avait l’effort physique en sainte horreur. S’il s’était lancé dans le Quidditch, c’était surtout pour évincer Potter. Il essaya de raisonner pratique. Pas de chaussures vernies, bien sur. Le prospectus distribué par Dumbledore montrait un parc en plein air. Il avait hésité, et finalement avait renoncé, à demander des conseils à Ginny Weasley. Optant pour une paire de bottes en cuir, confortables, bien qu’un peu éprouvées, il choisit un ensemble de robe et cape sombre et vert. Les gants en cuirs complèteraient la mise. Peut-être un tantinet solennel, mais au moins, ce serait pratique et permettrait de faire face à la plupart de situations… en espérant que le soleil ne percerait pas complètement et ne transformerait pas l’atmosphère en une moiteur digne des thermes romains. Il glissa sa baguette dans une poche, avec sa bourse et un testament (on ne sait jamais), et s’en alla, avec beaucoup d’appréhension.

Arrivé derrière la Grande Porte, il pouvait entendre le brouhaha des élèves qui trépignaient d’impatience. Prenant une grande inspiration, il se glissa le long d’un mur et chercha à passer inaperçu. Tournant le regard, il repéra Weasley en compagnie de son frère et de ses amis, Potter, Londubat et Finnigan. Pansy et Granger discutaient plutôt formellement en léger retrait du groupe. Il soupira. Plusieurs approches possibles. Soit il se faisait repérer par la jeune Weasley qui l’amènerait avec pertes et fracas là bas, soit il s’avançait d’un air conquérant et si possible hautain jusqu’au groupe, soit il continuait son approche discrète en espérant pourvoir aborder Pansy avant les autres. La troisième option lui paraissait la meilleure, et il la mit en pratique… jusqu’à l’échec en plein milieu du chemin quand Ginny Weasley hurla son prénom en agitant le bras frénétiquement. Au temps pour la discrétion. Il ne lui restait plus qu’à assumer sa présence. Heureusement, la réaction des autres élèves fut moins importante et bruyante que prévue. Il en fut tout de même un peu déçu… tant d’années à se forger une réputation, et voilà qu’elle était oubliée. Où allait le monde ? Il rejoignit à pas lent le groupe, et échangea un regard avec Pansy, qui avait l’air assez contente de le voir là. Il avait omis de lui parler de sa présence, histoire de s’éviter des conversations sur cette sortie. Ca lui faisait déjà assez mal au cœur d’en être.

Il toisa rapidement Potter, qui se contenta d’un « Bonjour Drago » qui sonnait sincère. Ron Weasley fut moins prolixe, et inclina seulement la tête. Eux étaient au courant de sa venue. Granger calqua son attitude sur celle de son petit ami, et Drago marmonna un vague « Bonjour » en réponse. Heureusement, Ginny prit les choses en main.
- Bon, j’ai pensé à prendre de quoi écrire, des parchemins, un appareil photo sorcier. J’espère que tu as prévu de quoi nous acheter à manger. Et pourquoi tu t’es mis en robe, ç’aurait été plus pratique en pantalon. J’ai sélectionné sur le prospectus les attractions qui paraissent les plus amusantes, mais si tu veux en faire d’autres, on pourra essayer. Les Non-Montagnes Russes me tentent beaucoup, mais la Galerie de Qui est le Miroir est très sympathique à la description. Par contre, je me demande ce que c’est l’Elf-Chamboule-Tout ? Et tu as vu, il y a un…
Triiiiiiit !
Un coup de sifflet mit fin au monologue excité. La journée s’annonçait fatigante. Surtout quand le Magicobus apparut dans la cour de l’école.

Dix minutes plus tard, quelques élèves avaient le teint nauséeux en sortant du bus, mais ils étaient trop excités pour être malades. Devant eux s’élevait une grande bannière où s’affichait en or sur bleu roi :

Bienvenue à la Fête Foraine Sorcière !

Le soleil faisait quelques percées, et le temps n’était pas trop maussade. Drago allait pouvoir ranger sa cape dans sa bourse, après un sort de rétrécissement. Sous la bannière se trouvaient deux guichets en bois et des barrières, et plusieurs personnes debout qui avaient un grand sourire aux lèvres, notamment Arthur Weasley et ses deux jumeaux. Très mauvais signes. Un grand homme un peu enrobé s’avança vers eux.
« Bonjour mes enfants ! Je m’appelle Sortius Fellones et je suis le directeur de ce parc d’attraction, premier du genre ! Aujourd’hui, vous aurez l’opportunité d’essayer toutes les attractions gratuitement, et ce avant même les journalistes demain. Ces attractions sont nées des idées Moldues, mais améliorées et parfois reconçues par les talents sorciers. Comme quoi les deux peuvent cohabiter ! Et maintenant, amusez-vous. Si vous avez des soucis, nos agents patrouillent régulièrement, vous les reconnaitrez à leurs uniformes bleus. Chaque attraction est surveillée par un ou plusieurs sorciers. Merci de ne pas vous marcher dessus pour faire la queue. Tout le monde pourra essayer, et vous n’êtes pas très nombreux aujourd’hui. »

Les barrières furent ouvertes et les élèves s’égaillèrent dans le parc. Suivant sa camarade, Drago échangea un dernier regard désolé avec Pansy et essaya de prendre au mieux l’air d’un taureau en route pour l’abattoir. L’espace prévu était grand, c’était évident. Les attractions étaient réparties par secteurs, et compte tenu du faible nombre de personnes aujourd’hui, ces secteurs seraient ouverts chacun à leur tour. Tout d’abord les quatre en périphérie, localisés par les points cardinaux, puis en milieu d’après midi, l’accès aux Non-Montagnes Russes, au milieu du parc, serait autorisé. Ils étaient dans le secteur Nord. Et Drago ne savait pas trop quoi faire. Il était en terrain totalement inconnu. Plusieurs grandes baraques s’élevaient, avec des noms et des couleurs criardes, des multitudes de banderoles et une musique agitée et discordante qui n’était pas la même pour chaque emplacement. Il se tourna vers la jeune Weasley qui avait les yeux brillants. Elle consultait frénétiquement le plan qu’on leur avait remis, et eut l’air d’arrêter rapidement son choix.
- Viens Drago, on va essayer l’Elf-Chamboule-Tout !

Un nom barbare, mais qui signifiait quoi ? Arrivés devant le stand, ils contemplèrent un assortiment de piles de boites. Six piles de neuf boites métalliques, alignées le long du stand à cinq ou six mètres du comptoir, et un tas de paires de chaussettes pliées devant eux. Ils tournèrent rapidement la tête, mais nulle part il n’y avait de responsable de ce stand.
- Euh… Y’a-t-il quelqu’un ? hasarda Drago.
Le tas de chaussettes trembla soudain et un Elfe de Maison en sortit, habillé d’une tenue on ne peut plus folklorique, que n’aurait pas renié Dobby lui-même.
- Bonjour Messieurs-Dames ! Woolsy pour vous servir ! Une petite partie ? Mettez en avant votre habileté aux sortilèges ici !
- Bonjour ! lança Ginny. Quelles sont les règles exactement ?
- Les règles ? J’ai oublié de dire les Règles ? Oh la la, vilain Woolsy !
L’Elfe partit en courant et saisissant le montant du stand, il s’apprêtait à se cogner la tête dessus, quand Ginny le rattrapa in extremis.
- Ce n’est pas grave Woolsy, nous te pardonnons. Alors, tu nous les expliques maintenant ?
- C’est très simple. Soit vous utilisez vos baguettes magiques, soit on vous fournit des exemplaires capables de jeter les sorts qui nous intéressent, si vous n’avez pas encore de baguette. Vous sélectionnez l’un des projectiles, et vous l’envoyez avec un sortilège d’Expulsion sur la pile de boite en face de vous. Si vous les faites toutes tomber, vous gagnez le gros lot.
Expliqué comme ça, ça ne devait pas être trop difficile en théorie. Mais Drago savait que les sorciers manquaient souvent de précision dans leurs sorts, se contentant de viser vaguement. Le meilleur jeteur de sort qu’il connaissait était lui-même, mais in petto il devait bien avouer que Potter était un excellent tireur lui aussi.
- Normalement, continua Ginny, a combien d’essais avons-nous le droit ?
- Vous pouvez utiliser jusqu’à trois projectiles, mais vous ne gagnez un cadeau que si toutes les boites tombent. Moins vous utiliserez de projectiles, plus le lot sera important. Aujourd’hui par contre, si vous gagnez une fois, quelque soit le nombre de lancer, vous ne pourrez pas rejouer, sinon juste pour le plaisir.
- Je vais essayer ! Pousse-toi un peu Drago !
Il se recula de trois pas, ravi de se libérer un peu de l’envahissante présence. Elle sortit sa baguette, et lança le sortilège après une petite seconde de concentration. Drago se retint de rire quand elle heurta le fond du stand, passant à trente centimètres des boites, mais ne put empêcher un sourire d’étirer ses lèvres fines. La jeune fille fit un instant la moue, mais se mit en position pour recommencer. Elle visa plus soigneusement, un petit pli de concentration sur le front. Drago ne put s’empêcher de la trouver charmante dans cet instant, avant de se mettre un coup de pied mental. Il n’était pas là pour chercher à séduire qui que ce soit, et encore moins la cadette Weasley, qui au moins avait l’avantage de faire partie d’une famille de Sang-Purs. Un bruit métallique le sortit de ses réflexions, pour voir la jeune fille exulter. A peu près la moitié des boites étaient tombées, et il restait encore un essai à la jeune fille. Les lèvres pincées, et le front encore plus plissé, elle se concentra soigneusement et d’un « Expulso » sonore, elle envoyer la paire de chaussette à la rencontre des pauvres boites. Trois d’entres elles s’envolèrent, mais la quatrième vacilla sur sa base pendant cinq secondes, où Ginny et l’elfe retinrent leurs souffles. Finalement, elle s’inclina et tomba à terre, déclenchant une danse de joie chez l’elfe et un petit cri perçant de la part de la jeune femme.
- Regarde Drago, j’ai gagné !
- Félicitations Mlle, s’écria Woolsy ! Je vais vous donner votre lot !
Il plongea derrière le comptoir, et ils l’entendirent farfouiller, pour remonter d’un bond assez étonnant, un petit dragon en peluche bleu, qui battait des ailes en grognant, à la main.
- Voilà pour vous ! J’espère que vous vous amuserez bien avec ! Félicitations encore !
Il remit à Ginny la peluche, que celle-ci prit en main avec ravissement. Elle lança un regard espiègle à Drago.
- Je me demande comment je vais l’appeler. Dragounet ?
- Weasley, si tu donnes ce nom à cette… chose, je te promets que tu le regretteras !
- Tu n’as vraiment pas le sens de l’humour, Malefoy. Allez, c’est à ton tour !
- Suis-je vraiment obligé ?
- Dragoooo…
Pas vraiment le choix Il soupira, et se tourna vers l’Elfe, qui lui indiqua une petite pile de trois paires. Il en positionna une, pointa sa baguette dessus, et après une rapide estimation mentale, il lança le sortilège. Le projectile frappa la pile à l’endroit voulu, au milieu de la rangée du bas, avec une force suffisante pour envoyer balader les boites les plus extérieures. Ce jeu était trop facile. Quand il retourna la tête, il put voir Ginny et l’Elfe qui le regardaient avec des yeux ronds (en particulier Woolsy). Il haussa les épaules.
- Félicitations Monsieur, reprit l’Elfe après quelques secondes, vous avez gagne le gros lot !
Et celui-ci de repartir sous le comptoir. Pendant ce temps, Drago capta un bref regard d’admiration de la part de Ginny, mais le bruit que fit Woolsy en remontant sur le comptoir lui fit détourner les yeux et il ne put réprimer une grimace horrifiée… Sur le comptoir trônait une énorme peluche, tellement imposante qu’elle cachait le pauvre Elfe derrière, en forme de… lion.
- Ah non ! Pas ça !
- Vous n’aimez pas le lot Monsieur ? Je suis désolé Monsieur, vraiment désolé. Woolsy a fait de la peine à Monsieur, méchant Woolsy ! Méchant !
Devinant une nouvelle tentative de punition, Ginny attrapa l’Elfe.
- Ne t’inquiète pas Woolsy, Drago va accepter ton cadeau. Ne te fais pas mal.
- C’est vrai ? renifla-t-il.
- Bien sur que c’est vrai, le rassura-t-elle. N’est-ce-pas Drago ?
Si les regards pouvaient tuer, celui de Ginny l’aurait surement foudroyé sur place. Très vite, Il comprit les deux choix qu’il avait, entre conserver sa dignité, ou conserver un semblant de relation amicale avec sa camarade afin de ne pas passer une trop mauvaise journée. Le choix fut vite fait. Il tendit la main vers la peluche. De toute façon, il se souvenait très bien de la formule du Sortilège d’Oubli au cas où.
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