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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 3
Nom de l'œuvre : Il s'appelait Nigel Nom du chapitre : Chapitre 3 - La salle de Gryffondor
Écrit par Orube Chapitre publié le : 14/2/2009 à 10:29
Œuvre lue 7782 fois Dernière édition le : 24/2/2009 à 20:38
Chapitre 3 - La salle de Gryffondor

Je n´eus besoin que de quelques jours pour me faire à la vie à Poudlard. C´était très différent de tout ce que j´avais connu jusqu´à maintenant, la vie à la campagne, seule avec mes parents, sans voir de gens de mon âge sauf quand il fallait se rendre sur le Chemin de Traverse. Pour la première fois de ma vie, je partageais mes journées avec au moins une dizaine de personnes : les élèves de ma classe. Bien que j´aie encore un peu de mal à discuter avec eux, nous nous entendions plutôt bien et je savais que si j´avais un problème quelconque, ils seraient d´accord pour m´aider.

Pourtant, j´avais l´impression que Nigel ne faisait pas partie du même groupe que nous.

C´était assez bizarre. Les élèves de Serdaigle le considéraient comme quelqu´un d´une autre maison. En tout cas, personne ne lui parlait jamais à moins d´y être obligé, pendant un travail en binàme par exemple. Au premier abord, je ne compris pas cette réaction. Je ne réussis à cerner le problème qu´au bout d´une semaine, à force d´entendre, encore et encore, les autres appeler Nigel :

« Malefoy ! Malefoy ! Malefoy ! »

A croire qu´il n´y avait que moi qui étais au courant qu´il avait un prénom.

C´était ça, le problème.

Nigel n´était pas Nigel aux yeux des autres. Il était un Malefoy. Autrement dit, le petit-fils d´un magemort assez connu pour s´être rangé du côté de Poudlard à la fin de la bataille. Sans doute par pur intérêt. Sans doute parce que c´était un lâche.

Nigel, même s´il n´était pas encore né à cette époque, avait été comme accusé des fautes de sa famille. Lui aussi avait été relégué dans la case « lâche ». « Profiteur ». « Indigne de confiance ».

D´un autre côté, tous les élèves de Serpentard, Gryffondor et Poufsouffle le regardaient comme... Je ne sais pas trop quoi. Plus qu´une poussière mais moins qu´un insecte.






Un jour, Sacha, la fille de Serpentard à côté de laquelle je m´étais assise durant le premier cours de sortilège, me demanda de but en blanc :

« Comment est-ce que tu fais pour supporter ce gars tous les jours de la semaine, à chaque heure ? »

Je ne sus trop que répondre.

« Pourquoi est-ce que tu ne l´aimes pas ? éludai-je.

-C´est à cause de gens comme ceux de sa famille que Serpentard a mauvaise réputation. Ce n´est pourtant qu´une maison comme les autres... mais elle a été pourrie par les futurs mangemorts qui y vivaient.

-Ah bon. »

Je laissai planer un blanc, histoire de bien réfléchir à ma réplique.

« Et quel est le rapport avec Nigel ? »

Sacha me contempla durant plusieurs secondes, les yeux écarquillés.

« Quel rapport avec Nigel ?

-A part qu´il soit le petit-fils de Lucius Malefoy, ajoutai-je. J´imagine qu´il ne l´a pas choisi. Mais peut-être que je me trompe. »

Sacha se détourna et ne daigna plus poser les yeux sur moi durant toute l´heure. Avais-je moi aussi un ancêtre que je ne connaissais pas mais dont j´aurais dû avoir honte ?






« Je voudrais aller à Pré-au-Lard.

-Tu vas devoir attendre trois ans, déclarai-je tristement.

-Scorpius y va dans deux semaines. C´est injuste.

-Certes. Qui est Scorpius, au passage ? me renseignai-je.

-C´est mon frère, dit Nigel. Il est en quatrième année. Il faut absolument que je trouve un moyen d´aller à Pré-au-Lard.

-Rêve toujours !

-Il doit bien exister des passages pour sortir du château, non ?

-Sans doute. Demande-toi plutôt combien de décennies ça te prendrait pour les trouver.

-Tu es vraiment quelqu´un de très optimiste et réconfortante, avec ça, m´asséna Nigel.

-Merci.

-Je te parie que j´arriverai à trouver un moyen d´aller à Pré-au-Lard d´ici la première sortie officielle.

-Tenu, fit-je avec un sourire. Je te souhaite bonne chance. Et dors quand même, la nuit, ça ne servirait à rien de chercher dans le noir.

-Très drôle.

-Malefoy, Stowell ! s´égosilla le professeur Finch-Fletchey. Ça fait déjà trois fois que je vous rappelle à l´ordre ! Vous viendrez chercher votre devoir supplémentaire à la fin du cours ! »

Nigel fit une grimace équivoque. Je compris aussitôt le message : nous avions assez souvent Histoire de la magie pour pouvoir discuter en toute tranquillité.






Nigel brandit son parchemin et le secoua au dessus de sa tête avec hargne.

« Vous me copierez deux fois la totalité de la page 80 de votre manuel pour demain ! fit-il en singeant la voix du professeur. Tout ça parce qu´on a échangé deux mots ! Au fait, est-ce que tu sais si les premières années peuvent s´inscrire aux essais pour l´équipe de quidditch ?

-Non, il faut au moins être en deuxième année.

-Zut...

-Comment est-ce que tu fais pour avoir envie de jouer dans l´équipe de Serdaigle ? Personnellement, les cours de vol me suffisent amplement. »

En effet, il me fallait au moins cinq minutes pour convaincre mon balai de s´élever assez haut pour que je puisse l´enfourcher, et je n´aimais pas trop être en hauteur, sur un support plus ou moins instable.

« Tu sais voler depuis longtemps, toi ?

-Oui, très. Je ne me rappelle plus très bien depuis quand. C´est mon père qui m´a appris.

-Lui aussi, il jouait dans une équipe de quidditch quand il était à Poudlard ?

-Oui. Scorpius est dans l´équipe de Serpentard. Tu imagines, s´ils me prennent ? Je devrais jouer contre lui. Je suis sûr que j´arriverai à le battre avec une main attachée dans le dos.

-C´est pas la modestie qui t´étouffe, en tout cas.

-Oh, c´est bon... »






Octobre arriva très vite. Les jours raccourcissaient, et quand nous arrivions dans la grande salle pour le dîner, il faisait déjà nuit. L´ambiance était un peu monotone, mais la promesse d´un superbe Halloween me permettait de patienter.

Très souvent, après manger, je me rendais dans la bibliothèque pour faire mes leçons. Nigel m´accompagnait et il passait sa soirée à feuilleter toujours les mêmes livres d´histoire, généralement ceux qui concernaient la bataille de Poudlard, il y a vingt ans. Je serais bien incapable de deviner ce qu´il cherchait exactement.

« Salut, Myra ! me lança Erin d´un ton joyeux.

-Salut ! »

Le regard noir de Mme Pince nous indiqua qu´il valait mieux baisser d´un ton si nous voulions rester.

« Désolée de venir t´embêter juste pour ça, mais je voulais savoir si tu pouvais m´aider pour le sortilège Wingardium Leviosa... Je n´y arrive pas !

-Si tu veux ! »

Je lui montrai le mouvement que j´avais tellement travaillé, et elle parvint à le reproduire sans souci.

« Bien, maintenant, essaie avec ta baguette... »

Mais à l´instant où Erin sortit sa baguette, Mme Pince nous tomba dessus et nous dit dans un souffle :

« Pas-de-magie-dans-cette-bibliothèque ! »

Elle nous mit à la porte sans plus de cérémonie. Nigel s´esquintait la voix à crier qu´il n´avait rien fait, mais de toute façon, Mme Pince n´était pas du genre à revenir sur ce genre de décision.

« Bon, bah maintenant qu´on est dehors, ça vous dis de monter dans la salle de Gryffondor ? proposa Erin.

-On a le droit ?

-Oui, du moment que vous n´allez pas dans les dortoirs.

-Alors c´est parti. Tu viens, Nigel ?

-Bien sûr, que je viens ! »

Il avait une espèce de lueur dans les yeux, quelque chose d´inhabituel. Je me demandais ce qu´il préparait.






La salle de Gryffondor était très différente de celle de Serdaigle. Elle était tapissée de rouge foncé et remplie de fauteuils à l´air confortable. La cheminée était plus imposante que la nôtre. Il n´y avait qu´une seule table, dans un coin de la pièce, et elle était occupée par des élèves de cinquième année en train de faire une partie de bataille explosive.

Erin se laissa lourdement tomber dans un fauteuil et posa sa plume sur ses genoux afin d´essayer de la faire léviter.

« Fais attention à bien articuler, lui recommandai-je.

-D´accord. »

Quelques élèves plus âgés la regardaient faire en souriant. Sans doute se souvenaient-ils du moment où eux-mêmes avaient dû apprendre ce sortilège, ou alors ils trouvaient risible le fait qu´Erin n´y arrive pas.

« Parle plus fort. Bien distinctement, lui recommanda un élève.

-Et n´y met pas le feu », fit un autre.

Personne ne semblait étonné que Nigel et moi soyons ici. Je me retournai, tout à coup assaillie par le doute.

Nigel n´était plus dans la salle commune.

Je ne dis rien, histoire de ne pas faire remarquer ce détail à tout le monde. Ce n´était pas nécessaire.

Erin continua de s´entraîner jusqu´à ce qu´elle ait mal au poignet. Une fois, elle avait réussi à faire s´élever la plume d´une dizaine de centimètres, mais c´était tout.

« Je crois que je vais m´arrêter là pour aujourd´hui, me dit-elle. J´en ai assez.

-D´accord. Dans ce cas, je crois que je vais retourner dans la salle de Serdaigle. Tu viens, Nigel ? »

Et comme par miracle, j´entendis alors une voix me répondre :

« Quand tu veux ! »

Ce fut alors comme si toute la salle venait de se rendre compte de sa présence. Un grand silence s´installa, pendant lequel tous les élèves dévisagèrent Nigel. Il les ignora et me précéda en sortant de la salle. Nous descendîmes les escaliers, quand quelqu´un s´exclama derrière nous :

« Arrête, il ne t´a rien...

-Locomotor mortis ! »

Les jambes de Nigel se collèrent l´une contre l´autre et il perdit alors l´équilibre. J´essayai de le rattraper mais je ne fus pas assez rapide.

Je fis volte-face mais le coupable avait déjà disparu derrière le portrait de la grosse dame, qui secouait la tête d´un air affligé.

« Ah, les élèves, c´est de pire en pire ! Je n´ai jamais vu tant de maléfices lancés à tort et à travers depuis la bataille qui s´était déroulée ici, il n´y a pas si longtemps. Je crois qu´il s´agit du soir où Albus Dumbledore est mort... »

Je ne fis pas attention à elle et descendit les marches quatre à quatre. Nigel gémissait, les deux mains sur son nez. Quand il les retira, elles étaient rougies de sang.

« Je t´emmène à l´infirmerie. »

Je passai son bras par-dessus mon épaule. Il ne pipa pas un mot de tout le trajet, se contentant de sautiller pour m´aider à avancer.

« Encore toi ? s´étonna Mme Pomfresh en nous voyant arriver. »

Elle baissa aussitôt les yeux sur les jambes de Nigel, toujours collées. Elle leva sa baguette et dit :

« Finite incantatem ! »

Les jambes de Nigel se délièrent aussitôt. Je notai la formule dans un coin de ma tête.

« Allonge-toi, je vais t´arranger ton nez. Tu seras comme neuf !

-Merci.

-Tu devrais peut-être prévenir un professeur, non ? ajouta-t-elle sur un ton plus sévère. Si tu ne le fais pas, je m´en chargerai. C´est clair ?

-Oui. »

Mme Pomfresh se rendit dans son bureau. Nigel en profita pour se tourner vers moi et pour me donner un bout de parchemin vierge.

« Qu´est-ce que c´est que ça ?

-Un billet de sortie, répondit-il. Surtout, ne montre ça à personne !

-Ce n´est qu´un vieux bout de parchemin, lui fit-je remarquer.

-Tu dis ça maintenant, mais tu comprendras. Allez, rentre ! m´ordonna-t-il. Si tu pars après le couvre-feu, tu vas te faire choper par Rusard et tu seras collée. Emmène ça et garde le toujours sur toi sans le montrer à qui que ce soit ! me rappela-t-il.

-D´accord... A demain. Bonne nuit.

-Bonne nuit. »

Je sortis de l´infirmerie et je retournai à la salle de Serdaigle. Elle était totalement vide. Je pris le parchemin que Nigel m´avait remis et je le dépliai complètement, mais il était parfaitement vierge.

Pourquoi est-ce qu´il semblait accorder autant d´importance à ce machin ?
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