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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 3
Nom de l'œuvre : Il s'appelait Nigel, Tome 2 Nom du chapitre : Chapitre 3 - Dispute
Écrit par Orube Chapitre publié le : 1/3/2009 à 20:21
Œuvre lue 8334 fois Dernière édition le : 24/4/2009 à 17:41
Chapitre 3 - Dispute






La cérémonie de la Répartition se déroula aussi calmement que l´année dernière : pendant que les élèves de première année étaient appelés, nous discutions à voix basse de nos vacances.

« Tu fais la tête à Nigel ? demanda soudainement Emeline.

-Pourquoi tu me demandes ça ? fis-je, un peu gênée.

-Depuis la première année, vous êtes toujours côte à côte pendant les repas, mais pas aujourd´hui, me fit-elle remarquer. Qu´est-ce qui s´est passé ?

-Je n´en ai aucune idée, mentis-je. Il est comme ça depuis cet après-midi.

-Alors même vous, ça vous arrive de vous disputer... fit-elle, comme si elle découvrait quelque chose de très étonnant.

-Puisque je te dis qu´on ne s´est pas disputés !

-Dans ce cas, pourquoi est-ce que tu tires une tête de dix pieds de long ? questionna Susan avec un sourire en coin. Quoique, elle serait capable de me dire que c´est une impression que donne son serre-tête, ajouta-t-elle à l´adresse d´Emeline qui hocha la tête.

-Vous êtes stupides.

-On va mettre ça sur le compte de ta mauvaise humeur et on ne relèvera pas la méchanceté que tu viens de nous dire, fit Susan, mais c´est bien parce que c´est toi, hein ? D´ailleurs, en passant, ça fait bizarre de te voir sans ta frange et tes mèches rebelles. On croirait presque que tu es une fille soignée !

-La ferme ! »

Le professeur Londubat appela le nom d´Esther. Elle alla s´asseoir sur le tabouret et mit le Choixpeau. J´interrompis ma conversation avec les filles pour savoir dans quelle maison elle allait être envoyée. Le chapeau magique hésita un peu, mais moins longtemps qu´il y a deux ans, quand ça avait été au tour de Nigel de l´enfiler.

« Serdaigle ! » clama le Choixpeau.

Je remarquai que contrairement à son frère, Esther put aller s´asseoir sans devoir essuyer les regards mauvais de tous les élèves de la salle. Peut-être avaient-ils appris à devenir un peu moins intolérants. Ou un peu moins stupides. Mais c´était franchement improbable.






La rentrée fut très similaire à celle de l´année dernière, il n´y eut aucune surprise. Je m´ennuyais un peu, et j´étais très impatiente de découvrir les deux nouvelles matières que j´avais choisi : les soins aux créatures magiques et l´étude des runes anciennes. Je commençais le jeudi matin par cette dernière. Seulement, comme je l´avais escompté, nous commençâmes par découvrir chaque rune une par une, pour savoir quel pouvait être l´équivalent â€"ou les équivalentsâ€" dans notre langue. Ce n´était pas passionnant. J´avais hâte de commencer à étudier des textes.

Les cours de soins aux créatures magiques furent beaucoup plus intéressants. D´abord, c´était le professeur Hagrid qui faisait la classe. C´était un homme gigantesque, aux cheveux et à la barbe grisonnante. Il nous emmena à la lisière de la forêt interdite observer un nid d´augurey. Le nid était un peu étrange, en forme de larme, et l´oiseau chantait une mélodie triste comme la pluie.

« Il ne va pas tarder à pleuvoir ! dit Hagrid. Avec un peu de chance, nous pourrons le voir s´envoler ! Bien, qui peut me donner l´autre nom de l´augurey ? »

Nigel leva la main, mais Hagrid l´ignora ostensiblement.

« Toi, là-bas, avec les cheveux roux et le serre-tête ?

-Le phénix irlandais », répondis-je automatiquement.

Je connaissais bien ces oiseaux pour en avoir observé durant toute ma petite enfance dans le jardin de ma maison. Ma mère les adorait et me demandait d´écouter leur chant avec elle à chaque fois qu´elle les entendait. Mon père aussi était avec nous dans ces moments-là. C´était de très bons souvenirs.

L´augurey jaillit à toute vitesse de son nid dès qu´il commença à pleuvoir. Il laissa derrière lui une plume vert foncé, que je ramassai.

« N´espère pas pouvoir écrire avec ça, me dit Hagrid, les plumes d´augurey...

-Repoussent l´encre, je sais. Ce n´est pas pour écrire, c´est pour en faire cadeau à quelqu´un. »

Hagrid me lança un drôle de regard, se demandant sûrement qui voudrait d´un tel cadeau. De temps en temps, c´est agréable de se souvenir des jours meilleurs. Même si c´étaient des jours de pluie.






« Myra, est-ce que tu as fini le devoir pour le professeur Hyonner ? me demanda Emeline. Tu veux bien m´aider ? ajouta-t-elle en s´asseyant sans attendre la réponse.

-Oui, si tu veux...

-Pourquoi est-ce que tu fais la tête ? m´interrogea-t-elle à voix plus basse. Il y a quelque chose qui ne va pas ? »

Je lançai un regard vers Nigel, qui était plongé dans un livre à l´autre bout de la pièce.

« Ah.

-Je ne sais pas ce que je lui ai fais, mais il serait temps qu´il arrête de faire le gamin comme ça ! me plaignis-je.

-Tu n´as pas essayé d´aller le voir ?

-Je n´ose pas. Et puis, pourquoi ce serait à moi de le faire ?

-Sans doute parce que tu es la plus raisonnable de vous deux », répondit Emeline.

Pour le coup, elle n´avait pas forcément tort.

« J´essaierai. Vraiment, ajoutai-je en voyant le regard suspicieux que me lançait Emeline.

-Tout de suite.

-Hors de question ! m´écriai-je. Je ne suis pas prête, je ne sais pas comment m´y prendre !

-Ça t´arrive si rarement de te disputer avec quelqu´un ? s´étonna-t-elle.

-Bah... A part mes parents...

-C´est vrai ?!

-Ne crie pas ! »






Ce ne fut que le lendemain matin que je parvins à me décider. J´allai déjeuner à la table des Poufsouffles pour pouvoir discuter avec Sean. Nigel était déjà là, et aussitôt que je m´assis avec eux, un silence glacial tomba sur nous. Sean m´adressa un sourire consterné et fit une grimace à Nigel. Ce petit geste de soutient me fit sourire. Je rassemblai mon courage et dis à Nigel :

« On peut aller un moment dehors, pour discuter ? »

Nigel ne leva pas les yeux vers moi et prit son temps pour me répondre. Je n´en fus que plus énervée quand je l´entendis dire :

« Non. Je suis en train de déjeuner, je n´ai pas envie. »

Je sentis la fureur monter. Avant d´avoir réfléchi à ce qu´il convenait de faire, j´attrapai Nigel par le col de sa chemise et je l´entraînai dehors, sous le regard stupéfait de Sean et de tous les élèves.

« C´est quoi, le problème, avec toi ? m´exclamai-je quand nous fûmes dans le hall d´entrée. Tu fais la tête depuis cinq jours ! C´est juste parce que je ne t´ai pas lancé de sort dans le train ?

-Hourra, tu as enfin compris ! s´emporta à son tour Nigel. C´est sûr que je n´avais pas été vraiment clair, le jour où je t´ai demandé de me promettre de...

-De me défendre ! coupai-je. Me défendre !! Tu crois vraiment que c´est malin d´essayer de lancer un sort à quelqu´un qui tient sa baguette contre votre gorge ?

-C´est toujours mieux de tenter quelque chose que de rester pendant deux minutes dans la même position sans réfléchir ! De toute façon, ce n´est pas ça le problème. Tu sais qu´il y a danger, mais tu n´es pas assez sur tes gardes ! Il te suffit de deux secondes de répit pour arrêter de faire attention à ce qui se passe autour de toi ! Tu sais qu´il y avait d´autres personnes qui étaient montées dans le train en même temps que le mangemort. Qui te dit qu´ils n´en étaient pas tous ?

-Désolée de ne pas être comme toi ! hurlai-je. Désolée de ne pas me méfier de mes amis !

-Je n´ai pas dit ça !

-Si, tu l´as dit ! rétorquai-je. C´est mot pour mot ce que tu as dit. Tu penses encore à ce qui est arrivé à Erin ! Tu veux que je te dise ce que je crois ? Si quelqu´un voulait vraiment ma mort, et si cette personne était cachée aux alentours de Poudlard, il y aurait longtemps que je ne serais plus là !

-Tu veux que je te dise ce que moi je crois ? Tu as échappé par deux fois à la mort, deux fois grâce à la chance. Si j´étais à ta place, je commencerai à m´en faire un minimum pour ma santé !

-C´est ce que je fais ! protestai-je. Mais j´essaie de le faire de façon intelligente, et de faire plus attention aux types avec des têtes de mort tatouées sur le bras qu´aux gens que je connais. Même si les deux s´amusent à me menacer avec leurs baguettes ! Mais à quoi tu pensais ?!

-A te faire comprendre que tu n´es pas assez attentive à ce qui se passe autour de toi !

-Dans ce cas, si tu tiens un peu à moi, arrête de perdre ton temps à me faire la morale et REGARDE AUTOUR DE TOI !!! »

Un cercle de curieux s´était formé autour de nous, attirés par les éclats de voix qui devaient résonner dans tout l´étage.

Je fis volte-face et transperçai le cercle pour remonter dans la salle commune. Sean s´était lancé à ma poursuite, mais je l´arrêtai aussitôt :

« Laisse-moi tranquille, Sean. J´ai besoin d´être toute seule un moment, pour me calmer. »

Il n´insista pas et retourna s´asseoir dans la grande salle pour terminer son déjeuner.

Une fois dans la salle commune, je lançai mon sac à travers la pièce et me laissai lourdement tomber dans un fauteuil. Quatre élèves de première année me fixaient, l'air intimidé, en se demandant sûrement s'il était judicieux ou pas de me lancer une remarque dans un moment pareil. Des larmes de rage me montaient aux yeux, traîtresses.

« Myra ! s´écria Nigel en entrant en trombe dans la salle. Je n´ai pas terminé !

-Moi si ! » hurlai-je, hors de moi.

Je sautai de mon siège et tournai le dos à Nigel. Je me dirigeai vers le dortoir, où Nigel ne pouvait pas me suivre, mais il m´attrapa par le bras et me força à lui faire face.

« Attends ! Je sais que quand ce type t´a menacé, tu n´as pas eu le temps de réagir. Moi, j´aurais largement pu le faire. Il me tournait le dos, et... Je n´ai rien osé faire parce que j´avais peur qu´il le remarque et qu´il s´en prenne à toi.

-Ça vient d´où, ce revirement ? » marmonnai-je.

Nigel passa un doigt sur ma joue pour essuyer l´une des larmes qui m´avait échappé.

« Je sais que je ne suis pas blanc comme neige non plus, mais si je te dis tout ça, c´est juste parce... »

Il s´interrompit, sans doute à court de mots. J´aperçus alors plusieurs têtes, penchées derrière l´encadrement de la porte, qui nous observaient en silence.

« Qu´est-ce que vous regardez, comme ça ? m´insurgeai-je. Dégagez ! »

Ils ne se le firent pas dire deux fois.

J´échangeai un regard avec Nigel, et deux secondes plus tard nous éclations de rire.

« Tu voudras bien m´apprendre ce sort ? demandai-je.

-Quel sort ?

-Celui que tu as utilisé dans le train. Le charme du bouclier. »

Nigel hocha la tête avec un vrai sourire.

« Même tout de suite, si tu veux. »






Nous passâmes ainsi toute la matinée à trouver un endroit où je puisse m´entraîner tranquillement, et une bonne partie de l´après-midi à réussir à seulement faire apparaître une mince barrière autour de moi.

« C´est assez dur à faire, me rassura Nigel, c´est normal que tu n´y arrives pas les premières fois. Ce qu´il faut, c´est que tu t´entraînes régulièrement. D´ici deux semaines, tu y arriveras sûrement. Peut-être même mieux que moi.

-On y retourne demain ? questionnai-je.

-Oui.

-Nigel ? ajoutai-je.

-Quoi ?

-Je ne veux plus qu´on se dispute comme ça. Pour des bêtises, je veux dire. »

Il n´y avait aucune raison logique à cela, mais je sentais que j´avais rougi.

« Pour des bêtises ? répéta Nigel.

-Non, ce n´était pas pour des bêtises, d´accord, mais... Je ne veux plus me disputer avec toi. C´est tout. Quelle que soit la raison.

-Ça arrivera sûrement encore, fit-il, réaliste.

-Oui, admis-je. Sans doute. Mais n´empêche que je n´ai jamais trouvé le temps aussi long que ces cinq derniers jours. »

Cette fois-ci, aucun doute, j´avais viré au rouge pivoine.

« Moi aussi », répondit simplement Nigel.

Je le regardai : lui aussi était écarlate.






Au dîner, voyant que nous discutions comme si rien ne s´était passé au petit déjeuner, ce matin, Sean s´abstint de nous poser des questions, et je lui en fus très reconnaissante.
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