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Lecture du chapitre 6 | |
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Nom de l'œuvre : Une étourvol dans une cage dorée. | Nom du chapitre : Rébellion |
Écrit par Tracy | Chapitre publié le : 30/3/2013 à 17:19 |
Œuvre lue 11995 fois | Dernière édition le : 30/3/2013 à 19:14 |
Rébellion Jonathan avait quitté le manoir, Pierre-Edouard aussi. Désormais marié à Cunégonde, il était parti vivre avec elle dans la résidence secondaire des De Richemensueur à Hoenn. Elisabeth était repartie elle aussi, pour la plus grande joie de François qui batifolait presque toutes les nuits dans le cabanon de jardin avec ses copines. Marguerite ne lui adressait plus la parole, sa colère était encore bien trop intense, il était l'unique responsable du départ de Jonathan. En revanche, ses relations avec Pierre-Antoine s'étaient améliorées. C'était une maigre consolation en vérité... Le seul vrai réconfort de Marguerite, c'était Natu. Marguerite se faufila discrètement hors des cuisines de l'aile Nord. Elle scruta les environs : personne en vue. Elle fila comme un farfuret vers les grands escaliers pour rejoindre l'aile Ouest et retourner à sa chambre. Elle s'enferma dans ses appartements et s'approcha de son bureau. Elle renversa sa lampe et récupéra la loveball dissimulée à l'intérieur de son socle. La jeune fille sourit malicieusement en regardant la ball puis la dégoupilla. A chaque fois que la boule s'ouvrait, elle sentait l'émotion la submerger. Elle en avait un peu honte, c'était ridicule de s'émouvoir pour une chose aussi banale qu'une pokéball qui s'ouvre, mais c'était SA pokéball, et elle contenait SON pokémon. Natu jaillit de la capsule rose et blanche en agitant ses ailes pour les détendre, il regarda sa maîtresse avec bonheur et gazouilla pour la saluer. Marguerite sortit de sa poche de jupe un petit pain rond bien cuit. En l'apercevant, Natu se mit à sautiller et à piaffer d'excitation, il adorait le pain. Marguerite sourit tendrement au pokémon. Elle déchira un petit morceau de pain et le donna à becqueter à natu. L'oiseau siffla pour remercier sa maîtresse puis elle lui présenta un autre bout brioché. Elle aimait nourrir son compagnon ainsi plutôt que de le laisser picorer seul, elle avait le sentiment que cela resserrait leurs liens. Soudain, quelqu'un tambourina à la porte et Marguerite sursauta, laissant tomber le pain par terre. Natu s'agita. "N'tu natu ? - Mademoiselle Marguerite ? Etes vous présentable ? - Ah ! Une seconde Madame Piafabec !" Marguerite se précipita vers la fenêtre et l'ouvrit, elle fit de grands signes à son pokémon pour l'inciter à sortir. Natu, qui prenait cela pour un jeu, sauta sur le rebord de fenêtre et s'envola dans le jardin. Il voltigea dans tous les sens, faisant des pirouettes aériennes pour impressionner son amie humaine mais Marguerite ne le regardait pas. Elle avait aussitôt refermé la fenêtre et tiré le rideau pour ne pas que Madame Piafabec aperçoive Natu. Elle autorisa la gouvernante à entrer avant que celle ci ne perde patience. "Il va être l'heure de votre leçon de... Mademoiselle, qu'est ce que cela?" La gouvernante pointa un doigt accusateur sur le sol. Marguerite suivit le bras et vit la miche de pain sur le sol, elle avait oublié de la ramasser. "Vous grignotez entre les repas maintenant ? Vous ne m'épargnerez donc aucune bêtise ! Vous serez privé de dîner, j'en informerai vos parents et pour l'heure direction le cabinet de pénitence ! - Oh non ! Madame Piafabec s'il vous plaît, c'est une perte de temps ! - Vous répondez petite effrontée ? - Le temps que je passe dans cette salle je ne le passe pas à étudier ! Vous savez comme moi que c'est ridicule." La gifle vola et claqua sur la joue de Marguerite. Derrière la fenêtre, Natu agité essayait de voir ce qui se passait dans la pièce mais le rideau l'en empêchait. Marguerite frotta sa joue douloureuse et soutint le regard dédaigneux et austère de la piafabec. Elle avait une envie terrible de lui rendre sa gifle... "Suivez moi maintenant, et en silence." Marguerite regrettait l'absence de Jonathan, à la fois parce qu'elle en était amoureuse, mais également à cause de ses pokémon. Elle aurait tant aimé qu'il lui offre un nouveau flacon de poudre dodo avant de partir. Elle aurait tout donné pour que Fantom, le policombr, soit encore là pour déverrouiller la porte du cabinet de pénitence comme l'avait déjà fait le fantominus d'Antoine. Elle souhaiterait que boustiflor et étourvol soient encore là pour la faire sortir de sa chambre en cachette. Les pokémon incarnaient la liberté, elle enviait son natu qui pouvait s'envoler et survoler tout le domaine en toute tranquillité... Enfermée dans l'obscurité du cabinet de pénitence, elle cogna contre le mur avec rage. Elle poussa un petit cri de douleur. Quelle idée pour une jeune femme aussi délicate de frapper un mur comme un homme. A nouveau plongée dans l'amertume, elle se laissa tomber sur la seule chaise de la pièce (à force, même dans le noir, elle savait exactement où se trouvait le meuble). Puis dans les ténèbres, elle attendit. Marguerite continua de voler de la nourriture pour son pokémon, mais elle devait faire attention aux yeux perçant du Rapasdepic qui était désormais persuadée qu'elle devenait boulimique et s'empiffrait de gâteaux en cachette. De crainte que Natu soit découvert par sa femme de chambre, Marguerite laissait natu dans le jardin. Elle aurait préféré le garder dans sa loveball, qu'elle gardait toujours dans sa poche ou cachée dans le tuyau de sa lampe de bureau, mais l'oiseau était malheureux quand il était enfermé. Marguerite qui savait quel effet cela faisait d'être cloîtré dans un même endroit des heures durant, jour après jour, n'avait pas le coeur d'imposer cela à son natu. Elle craignait cependant que Maurice, le nouveau jardinier, découvre le pokémon, surtout que natu était de nature joviale et aurait bien été du genre à s'approcher du paysagiste pour jouer avec lui. Fort heureusement, Maurice n'était pas comme John, il ne s'intéressait pas aux pokémon. Pour lui, un pokémon oiseau était un pokémon oiseau : roucool, hoothoot, nirondelle, goëlise... C'était du pareil au même. Il se contentait de les tenir éloigner des semis et de les chasser quand ils essayaient de picorer les graines. L'allure inhabituelle de natu qu'il avait déjà croisé ne l'avait pas choqué. Alors que la routine de Marguerite se poursuivait, la jeune aristocrate n'arrivait pas à oublier le visage de Jonathan, même quatre mois après son départ. Dans l'immense salle de bal du manoir, Marguerite s'entraînait à la danse classique sous le regard envieux de Madame Piafabec. Elle prit son élan dans un pas chassé gracieux, puis elle effectua un échappé. Elle enchaîna par quelques entrechats et se reposa un peu en se contentant de faire quelques pas de côté avant de continuer sa danse. Elle se lança alors dans un déboulé, les tours rapides lui donnaient le tournis, mais elle s'en fichait. Marguerite était presque en transe, dans une pirouette fouettée, les yeux fermés, elle voyait le visage de Jonathan devant elle. Il lui souriait du coin des lèvres, avec son air effronté et sûr de lui. Elle tournait encore, toujours plus vite, reprenant à peine ses appuis dans des demi-pointes, elle s'imaginait entre les bras de John, dansant avec lui sur une musique douce et romantique... Sous le haut-vent blanc immaculé installé dans le parc pour le mariage, elle était seule avec Jonathan, au milieu d'un cercle de joliflor faisant onduler leurs pétales, leur peau scintillait dans la nuit et éclairait la piste de danse grâce au lance-soleil. Marguerite portait une longue robe blanche, légère, le tissu était si fin qu'elle le sentait à peine sur son corps. Jonathan portait un costume blanc lui aussi, avec un petit noeud papillon noir, il était bien plus beau et élégant que n'importe lequel des fils De Richemensueur. Dans un geste doux, il tendit sa main à Marguerite. Elle lui donna la sienne. Il s'approcha d'elle et la prit délicatement entre ses bras. Tout contre lui, il la fit danser lentement. Ils tournaient enlacés, les yeux dans les yeux et lorsqu'ils... "MARGUERITE !!!" La jeune femme s'immobilisa brusquement et ouvrit les yeux. Elle se rappela qu'elle était dans la salle de sport, en train de s'entraîner, dans son maillot de danse rose et noir moulants qu'elle ne supportait pas. Madame Piafabec très irritée s'avança vers Marguerite. "Vous ne m'écoutez pas ! Je vous dis que c'est totalement inutile de tourner sur vous même ainsi pendant des heures ! - Je trouvais que c'était inspiré... Marmonna Marguerite, fâchée d'avoir été sortie brutalement de sa rêverie. - Reprenez la chorégraphie que je vous ai apprise. - Inutile, je n'arriverai jamais à faire un grand jeté, j'ai déjà un mal de ponchiot à faire le grand écart au sol... - Marguerite surveillez votre langage ! Et il vous faut persévérer. Tenez, montrez moi votre arabesque pour voir." Marguerite, profondément agacée, prit son élan et effectua le mouvement sur la pointe de sa ballerine, telle une gracieuce lakmecygne, mais après avoir répété la pose deux fois, son atterrissage ressemblait de plus en plus à celui d'un insolourdo. "Marguerite... S'impatienta la gouvernante, affligée. - Je suis désolée Madame Piafabec, j'ai bien écouté vos conseils mais à moins d'observer une danseuse professionnelle je ne peux plus améliorer mon pas. - Balivernes ! Vous voudriez peut être que je vous fasse une démonstration moi même ? Quand apprendrez vous à être autonome ? - Ce n'est pas de ma faute si vous êtes trop vieille pour danser !" Cracha Marguerite, énervée. Elle regretta aussitôt ses paroles. La gouvernante frappa Marguerite au visage, la jeune femme n'avait jamais reçu de gifle aussi violente. Sa joue lui faisait atrocement mal... Elle frotta son visage et jeta un regard haineux à la vieille Piafabec. A sa grande surprise, elle vit que la gouvernante avait les larmes aux yeux. "Cab... Cabinet... De... Pénitence..." Siffla la domestique avec difficulté, sa voix tremblant de rage et de tristesse. Marguerite comprit qu'elle avait touché la corde sensible de la vieille femme. Au fond d'elle, elle ressentait une grande satisfaction mais aussi quelques remords, Marguerite n'aimait pas la méchanceté, elle se sentait encore plus détestable que sa gouvernante. Ses regrets furent vite engloutis dans les ténèbres du cabinet de pénitence. Elle pensait y passer une heure comme d'habitude mais la journée s'écoulait et elle ne voyait pas Madame Piafabec revenir... Marguerite eut le désagréable pressentiment qu'elle ne ressortirait pas de la pièce avant l'heure du dîner. Sa rage se mêlait au désespoir et à son sentiment de solitude profond et tenace. Elle songea qu'elle aurait pu dire quelque chose d'encore plus horrible à la Piafabec pour se venger, mais elle savait que tout cela était futile. Tout ce qu'elle voulait, s'était sortir d'ici et revoir Jonathan... Marguerite se morfondait une fois de plus dans l'obscurité du cabinet, son esprit n'était que chagrin. Elle pleurait en silence, attendant que sa gouvernante tortionnaire vienne lui ouvrir la porte. C'est alors qu'il lui sembla entre le cri de Natu. Marguerite releva la tête, sans aucune lumière, ses yeux ne voyaient que le néant. Elle l'entendit encore. "Natu ? Natu c'est toi ? - N'tu tu ! - Natu tu es là ? - Nat, natu !" Marguerite se leva et explora à tâtons les recoins du cabinet. Elle était seule, son natu n'était pas là . Il ne pouvait pas être là , elle l'avait laissé dans le jardin avant de se rendre à sa leçon de danse, pourtant elle l'entendait toujours. "Natu où es-tu ? - N'tu tou !" Marguerite avait l'étrange impression que le petit cri guilleret venait de l'intérieur de son propre crâne. Elle se demanda si elle n'était pas en train de devenir folle. Son pokémon lui manquait tellement qu'elle l'entendait lui parler dans sa tête. Encore un séjour ou deux dans le cabinet et elle finirait par parler à John... L'oiseau continua de piaffer. "Natu, nat, tu tou natu !" Soudain, Marguerite perçut une lueur rose dans l'obscurité. Elle s'en approcha, la lumière était concentrée autour de la serrure de la porte. Il y eut un léger cliquetis, puis la porte s'ouvrit lentement en grinçant. Marguerite eut mal aux yeux quand la lumière du couloir envahit le cabinet. La jeune femme resta un moment immobile face à la sortie. D'un pas lent, elle finit par s'avancer. Elle s'arrêta sur le seuil du passage secret et regarda attentivement dans le couloir. Il n'y avait personne et le silence régnait dans cette partie de l'aile Est. Marguerite était perplexe, qui avait déverrouillé la porte ? Elle avait entendu le cri de son Natu mais il n'était pas là ... "Natu ! N'tu tou tou !" Le joyeux piaillement de son pokémon résonnait toujours dans sa tête. Marguerite était désormais convaincue qu'elle ne rêvait pas. Décidée, la jeune femme suivit le long corridor pour retourner jusqu'à ses appartements. Elle évita de se faire voir par les domestiques. Une fois dans sa chambre, elle verrouilla la porte et se précipita vers la fenêtre. Elle l'ouvrit et aussitôt Natu jaillit comme un boulet de canon vert. L'oiseau tourna autour de sa dresseuse en piaffant. "N'tu tu ! Tou ! Natu ! Natu ! Natu ! - C'est toi... C'est bien toi qui m'as libéré n'est ce pas ? - N'tu !" Une lumière intrigante rose enveloppa le pokémon. Autour de Marguerite, plusieurs objets (des livres, des bijoux, des coussins) se mirent à briller de la même lueur et flottèrent dans les airs comme des cotovol. Marguerite était époustouflée. Elle regardait tout autour d'elle avec de grands yeux ronds. Son pokémon chantait avec bonne humeur en faisant virevolter les bibelots, il était heureux de retrouver sa maîtresse. Marguerite avait déjà lu beaucoup d'ouvrages sur la télékinésie des pokémon psy mais elle n'imaginait pas que leurs pouvoirs fonctionnaient sur une aussi longue portée. Elle se dit que les pokémon plus puissants comme alakazam ou gardevoir devaient être capable de faire des choses encore plus impressionnantes. Le pokémon et l'humaine se regardèrent les yeux dans les yeux, attentifs l'un à l'autre. "Tu vas m'aider n'est ce pas ? - N'tu ! (Oui !) - Si la Piafabec m'enferme à nouveau, tu me libéreras ? - N'tu ! Natu tou tou tu ! (Oui ! Je veux rester avec toi !) - Tu m'entends lorsque je suis dans le cabinet ? - N'tu. Natu tou natu ? (Oui. Maintenant on joue ?)" Marguerite était hypnotisée par son ami pokémon. Elle l'avait toujours trouvé spécial, mais elle croyait que c'était parce qu'il lui avait été offert par Jonathan. En réalité, il était plus que spécial, il était extraordinaire. Marguerite prit le pokémon dans ses bras et en lui souriant avec gentillesse, elle le lança dans les airs. Le pokémon poussa un nouveau cri de joie. Marguerite, obsédée par les pouvoirs de son pokémon psy, n'hésita pas dès le lendemain à se laisser enfermer dans le cabinet de pénitence. Ce fut facile. Après avoir joué une partie de l'après midi avec son pokémon, elle s'était rendu au dîner. La vieille Piafabec vint trouver Marguerite dans la salle à manger à la fin du repas. Avant même que la gouvernante puisse dire quoi que ce soit (ses yeux étaient encore rougis d'avoir sangloter sur son incapacité à danser), Marguerite lui lança avec une assurance incroyable digne de celle de Jonathan : "La prochaine fois, vérifiez que vous avez bien fermé la porte à clef." En s'attaquant à son intégrité mentale et à sa mémoire, Marguerite avait une nouvelle fois taper où il fallait pour blesser Sibylle Piafabec. Le lendemain matin, juste après le petit déjeuner, la gouvernante envoya sans raison apparente Marguerite méditer dans la pièce lugubre. Marguerite ferma les yeux et appela mentalement son Natu. L'oiseau répondit aussitôt, son cri fluet et joyeux vibrait sous le crâne de Marguerite. Une minute à peine après son appel, une lueur rose enveloppa la porte du cabinet et l'ouvrit. Marguerite sortit de sa prison le sourire aux lèvres et partit retrouver son pokémon. Elle s'installa à la bibliothèque et commença à lire un roman, accoudée à la fenêtre, sous le regard protecteur de son natu posé devant la vitre. Pendant des années, Marguerite avait craint le cabinet de pénitence, cela ne rendait que plus délectable son nouveau jeu qui consistait à s'y faire enfermer pour des broutilles (elle enfilait exprès deux chaussettes différentes, fesai volontèremen de grosse fote d'ortografe dans les dicté pour enquikiné Madame Piafabec, écrivait des poèmes pokémon grivois : "les lèvres de lippoutou, caressent les rondoudou, et transforment des serpang tout mous, en simularbres au garde à vous") et de se faire ensuite libérer par son précieux natu. Un après midi, alors qu'elle s'était cachée dans un placard avec natu après avoir fuit le cabinet, elle entendit Pierre-Antoine hurler : "Mais lâchez moi ! Puisque je vous dis que je n'ai PAS aidé Marguerite à s'échapper ! - Ah non ? Elle s'évade toute seule ? Mademoiselle Marguerite est devenue apprentie serrurière ? - Elle a peut être raison : vous perdez la tête et vous oubliez de verrouiller la porte. - Petit insolent ! Gronda la gouvernante. Vous allez voir si j'oublie de verrouiller la porte !" Pierre-Antoine se retrouva à son tour enfermé dans le cabinet de pénitence. Marguerite culpabilisa au début, mais son frère, bien qu'assez docile en temps normal, n'entendait pas se laisser punir pour une chose qu'il n'avait pas faite. A l'instar de Natu, Fantominus délivrait systématiquement son dresseur et Madame Piafabec ne pouvait rien faire d'autre qu'arracher ses cheveux blancs en maudissant les deux cadets De Richemensueur. Seule dans sa chambre ou en compagnie de Natu, Marguerite éclatait parfois de rire en imaginant le visage contrarié de sa gouvernante, ou simplement pour se soulager. Madame Piafabec n'était pas du genre à abandonner ou à rester les bras croisés. Elle tenta de trouver une parade. Suite à un incident mineur lors de ses exercices au piano, Marguerite fut à nouveau punie. Elle ne s'en inquiéta pas outre mesure jusqu'à ce qu'elle aperçoive devant la porte en trompe l'oeil du cabinet, un machopeur et l'ouvrifier de la forge. Madame Piafabec enferma comme de coutume la jeune héritière dans le cabinet. Depuis l'intérieur, Marguerite entendit dans le couloirs des bruits sourds et des glissements, comme si quelqu'un déplaçait quelque chose de très lourd. Elle entendit ensuite la gouvernante frotter ses mains avec satisfaction, avant de s'éloigner en compagnie des deux pokémon. Marguerite ne savait pas ce qui se passait. Elle appela son pokémon par la pensée et Natu lui répondit. Il déverrouilla sans problème la porte avec ses pouvoirs psychiques mais lorsque Marguerite poussa dessus pour l'ouvrir, elle heurta quelque chose. Elle était à peine entrouverte et Marguerite n'arrivait pas à la pousser d'avantage. Dans l'interstice, Marguerite aperçut une imposante armoire qui bloquait le passage. Voilà ce que la gouvernante trafiquait avec machopeur et ouvrifier. "Crotte." Jura Marguerite qui ne pouvait décemment pas prononcer quelque chose de plus grossier. La jeune femme s'affala sur la chaise, dépitée. Elle entendait toujours les cris de son natu dans son esprit. "N'tu natu natu ! - Inutile Natu, je ne peux pas sortir." L'oiseau se tut. Au bout d'un moment, Marguerite aperçut une lueur rose rayonnant dans le couloir. Elle se leva d'un bond et alla observer la tentative de Natu. L'armoire tremblait sous la force psychique, elle glissa sur quelques millimètres, comme poussée par des déménageurs fantômes, mais la lueur finit par s'estomper et le meuble était toujours devant la porte. Marguerite fut un peu déçue, elle entendit son oiseau pleurnicher dans son esprit. "Natu, n'tu... - Ce n'est pas grave Natu." La jeune femme se résigna ce jour là à rester enfermée, tandis que son natu malheureux erra seul dans le jardin. Il lui arrivait parfois de jouer avec les roucools, mais Kanto entrait désormais dans la mauvaise saison et ses amis pokémon oiseaux avaient déjà migré. Lui même commençait à avoir froid, il devrait l'expliquer à sa dresseuse, mais elle ne comprenait pas toujours ce qu'il essayait de lui dire par ses petits cris pourtant très expressifs. Le froid s'installa durablement en cette fin d'automne, Marguerite comprit d'elle même qu'elle ne pouvait plus laisser son oiseau à l'extérieur des journées entières et encore moins la nuit. Elle calma ses ardeurs rebelles face à Madame Piafabec, avec la barricade que dressait à chaque fois Machopeur et Ouvrifier devant la porte du cabinet, elle ne pouvait plus s'en échapper. Pourtant, la gouvernante, fière de sa victoire, jubilait et exprimait sa satisfaction en étant encore plus sévère, probablement pour montrer à Marguerite qu'elle était toujours sous son autorité. L'héritière se retrouva donc une fois de plus dans la sombre pièce secrète. Elle le savait désormais, elle avait largement dépassé le record détenu par Pierre-Edouard du nombre d'heures passées dans le cabinet de pénitence. Elle se sentait cependant moins morose que d'habitude car cette fois ci, elle avait avec elle son Natu, bien au chaud dans sa loveball. Décidée à profiter de ce petit temps avec son pokémon, Marguerite libéra Natu. Les yeux de l'oiseau brillaient dans l'obscurité. "Natu ! N'tu tou tou natu. - Je ne te vois pas Natu. On pourrait jouer à cache-cache tous les deux, qu'en penses tu ? - N'tu !" La jeune femme et son pokémon s'amusèrent pendant une quinzaine de minutes dans les ténèbres. Même si elle ne voyait rien, Marguerite connaissait chaque recoin de la pièce par coeur, il était facile pour elle de trouver la cachette de son oiseau, surtout qu'il ne pouvait s'empêcher de roucouler d'amusement. Par hasard, en regardant le mince faisceau de lumière qui perçait à travers la porte, une idée traversa l'esprit de la jeune femme. Elle attrapa aussitôt son pokémon perché sur une lampe sans ampoule et l'emmena devant le passage secret. "Natu, tu peux déverrouiller la porte s'il te plaît ?" L'oiseau obéit, il l'avait déjà fait des dizaines de fois. Marguerite poussa la porte jusqu'à ce qu'elle vienne se cogner contre l'armoire. Elle montra alors la barricade improvisée à Natu. "Tu ne pourrais pas réessayer ? Si tu déplaces cette armoire, nous pourrons sortir. - N'tu." L'oiseau se concentra, une aura rose l'entoura aussitôt. Marguerite croisait les doigts. Son pokémon se trouvait à proximité du meuble, sa télékinésie serait sans doute plus efficace. Et puis depuis son premier essai, l'oiseau avait grandi et était devenu plus fort. Elle y croyait... "Natu, téléport." Le meuble rayonna de la même lueur que natu, puis il disparut soudainement pour réapparaître deux mètres plus loin dans le couloir. Marguerite sourit de toutes ses dents avant de regarder son Natu. "Bravo Natu ! Tu es un champion. - N'tu !" Marguerite s'échappa une nouvelle fois du cabinet, suivie de près par son fidèle oiseau. Elle fredonnait avec bonne humeur en traversant les couloirs. Son pokémon chantait avec elle. Elle se sentait libre, malheureusement cette liberté avait des limites. Marguerite devait obligatoirement rester dans le manoir, car dans le jardin elle savait que les malosses de son père lui tomberaient dessus en quelques minutes. Elle retourna donc dans sa chambre et s'y enferma. La Piafabec pourrait toujours tambouriner à la porte, elle n'ouvrirait pas et la gouvernante ne songerait jamais à faire défoncer la porte pour une raison aussi futile. Pour une fois, Marguerite ne se plongea pas dans ses livres. Elle s'accouda à la fenêtre et regarda vers le jardin. Comme elle l'avait présagé, elle vit les malosses lancés à sa recherche au cas où. Quelques domestiques devaient également être en train de la chercher à l'intérieur du manoir, ils mettront un certain temps à envisager qu'elle soit docilement rentrée dans sa chambre. Natu jouait et virevoltait dans tous les sens, grimpant sur les meubles et se perchant sur le lustre doré qui se balançait dans un cliquetis de chaînes. Marguerite gardait ses yeux rivés sur les malosses qui reniflaient le sol, ils ne savaient pas quoi chercher. Natu était un pokémon psy, il ne pouvait rien faire contre les malosses de type ténèbre. Agacée par le problème, Marguerite tapotait des doigts le rebord de sa fenêtre, elle réfléchissait. Il fallait trouver une solution. Marguerite passa le reste de son après-midi à chercher dans les livres qu'elle avait dans sa chambre. Sans surprise, la gouvernante essaya de rentrer dans la pièce. Elle brailla contre la porte verrouillée et Marguerite l'ignora. La jeune femme ne sortit que pour dîner. Madame Piafabec ne la loupa pas, Marguerite reçue une gifle monumentale avant de se rendre dans la salle à manger. La gouvernante tenta de la priver de repas mais par chance les parents de Marguerite ne voulurent pas entendre les sermons de la vieille femme et la cadette mangea avec les autres membres de la famille. Aussitôt dîner, la jeune femme fila dans la bibliothèque. Vers minuit, Madame Piafabec traversait le long corridor pour rejoindre sa propre chambre (elle était la seule domestique à ne pas dormir dans l'aile Nord), elle s'arrêta devant la porte de la bibliothèque. Alors que le couloir était plongé dans la pénombre, les lampes murales n'étant pas assez puissantes pour remplacer la lumière du jour, elle avait aperçu un rayon de lumière tapissant le seuil d'entrée de la bibliothèque. Intriguée, la gouvernante entra timidement, pensant trouver Madame ou Monsieur De Richemensueur mais à sa grande surprise elle vit Marguerite assise bien droite à la table, plongée dans ses lectures. "Mad... Mademoiselle Marguerite, que faites vous encore là ? Vous savez qu'elle heure il est ? - Hum ? Oh, je m'instruisais, Madame Piafabec." La vieille femme écarquilla les yeux, hébétée. "Allons Marguerite, soyez raisonnable, il est largement temps d'aller vous coucher." Cette fois, Marguerite leva le nez de son livre intitulé : "Lutter contre les ténèbres, guide stratégique pour affronter les pokémon de type ténèbre". La gouvernante était trop abasourdie pour faire attention au contenu de l'ouvrage. "Mais vous, vous n'êtes pas encore couchée Madame Piafabec. - Moi ? Dit la Piafabec, perplexe. M'enfin Mademoiselle Marguerite, je suis plus âgée que vous et je travaille ! De plus, je me rendais justement à ma chambre, veuillez faire de même. Tout de suite !" Marguerite referma son livre et tandis que la gouvernante allait sortir de la pièce, elle s'arrêta et se retourna à nouveau vers la jeune héritière. "Et je vous interdis d'emmener ce livre dans votre chambre ! Vous rentrez et vous vous couchez, vous reprendrez vos lectures demain. Tâchez d'être debout à sept heures et gare à vous si vous somnoler durant vos leçons." Marguerite passa plusieurs jours à bouquiner et finalement elle trouva ce qu'elle cherchait. Ne restait plus maintenant qu'à savoir si Natu connaissait cette technique... Les semaines puis les mois passèrent et un matin d'hiver, lorsque Marguerite ouvrit les paupières et chercha machinalement son pokémon des yeux par la fenêtre, elle ne le trouva pas, elle l'avait laissé dormir à l'intérieur. A sa place, sur une branche du chêne dénudé, se tenait un étourvol. Marguerite bondit de son lit et se colla à la vitre. Elle ne rêvait pas, Tornade était là ! Marguerite se lava et s'habilla le plus vite possible, en veillant à soigner son allure, elle voulait se faire belle mais l'impatience la dévorait. Elle farfouilla dans sa boîte à bijoux, en sortit un collier, des boucles d'oreilles ainsi qu'un petit sac de cuir qu'elle glissa dans sa poche. Marguerite traversa le jardin au pas de course, elle se dirigea vers son ancienne cachette, derrière le cabanon. A quelques mètres de la vieille cahute, elle commença à distinguer un son étrange, grave et vibrant. Marguerite ralentit et s'approcha doucement, ce bruit ressemblait à un ronflement, et pour cause : c'était un ronflement. La jeune femme découvrit entre le mur en bois du cabanon et celui en pierre qui encerclait le parc, Maurice le jardinier affalé au milieu des fleurs, profondément endormi. Marguerite cligna des yeux, perplexe, en regardant le domestique, lorsque que quelqu'un d'autre toqua sur la paroi du cabanon. La jeune femme fit volte face, elle contourna le petit local pour trouver la porte d'entrée, elle était entrouverte. Marguerite se glissa à l'intérieur. Au milieu de la cabane, entre les outils plein de terre et les toiles de mimigal, se tenait bien droit, les bras croisés, son éternel petit sourire fanfaron accroché à ses lèvres, Jonathan. La jeune femme explosa de joie. "Tu es revenu !" Elle se jeta sur John qui l'enlaça et la souleva. Elle était toujours aussi légère. Ce qui l'étonna, c'est à quel point elle le serrait fort, il en avait mal aux côtes. Il la reposa et Marguerite le contempla avec un sourire radieux. "Tu n'as pas changé ! - Je ne suis pas parti si longtemps que ça !" Répliqua t'il, amusé. Rayonnante, Marguerite frappa dans ses mains. "J'ai un cadeau pour toi ! - Un cadeau ? S'étonna John. - Oui ! Il fallait bien que je te remercie pour Natu..." La jeune femme sortit de sa poche un petit sac en cuir bouclé par un noeud. Touché et curieux, Jonathan ouvrit le sac et en sortit une pierre brillante d'un vert vif, un motif de feuille était gravé dessus. "Une pierre plante, merci Marguerite c'est une idée grandiose. Où tu l'as eu ? - Mère et moi sommes allées au centre commercial de Céladopole le mois dernier, pour refaire ma garde-robe. J'en ai profité pour t'acheter ça." Jonathan ne fut pas étonné, il avait remarqué que Marguerite avait terminé sa croissance et gagné quelques centimètres de plus. Bien sûr, le garçon avait aussi remarqué le changement au niveau de son buste. John essaya de ne pas trop y penser car il sentait déjà la chaleur l'envahir. Il contempla avec plaisir sa pierre plante, les pierres d'évolution coûtaient chères, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle il n'avait jamais fait évoluer Florie. Marguerite l'avait peut être deviné. Le cadeau de Marguerite n'avait pas la même valeur symbolique que celui de John. Natu était plus qu'un simple pokémon de compagnie, Jonathan l'avait volontairement enfermé dans une loveball. Il espérait que Marguerite avait compris le message, peut être avait il surestimé les connaissances de son amie en poésie pokémon. Il restait malgré tout comblé par le présent de Marguerite. Il la remercia en l'embrassant sur le front. Marguerite rougit immédiatement. Elle rêvait d'un baiser plus romantique mais rien que ce contact doux sur sa tempe la mettait dans tous ses états. "Je... Je m'attendais à te trouver derrière la cabane, finit par dire Marguerite. Dans notre cachette habituelle. - J'y ai pensé mais je suis tombé sur Maurice et j'ai du l'endormir avec la poudre dodo de Florie. D'ailleurs, je ne peux pas rester très longtemps, on ne doit pas prendre le risque qu'il nous voit toi ou moi à son réveil. - Oh." Le visage de Marguerite s'assombrit brutalement, elle était déçue, ces retrouvailles étaient de courte durée. En voyant sa mine déconfite, John lui prit la main et lui offrit un sourire rassurant. "Ne t'inquiètes pas, je reviens te voir dès demain. - Tu me le promets ? - Je te le jures." Qui pourrait résister à ces yeux d'obalie de toute façon ? Songea Jonathan en regardant son amie. "Je vais rester à Kanto un moment. Je ne pourrais pas venir te voir tous les jours mais ne t'en fais pas : je ne serais jamais bien loin. Comme je ne suis plus employé ici, il faudra faire encore plus attention qu'avant. Si quelqu'un nous voit... - Oui j'ai compris. Voyons nous ici alors. - Entendu. Tu sauras que je suis là ... - Quand je verrais ton étourvol, je sais." Jonathan agrandit un peu son sourire, il était amusé et surtout heureux, heureux de retrouver sa chère Marguerite en pleine forme. Tandis qu'elle le fixait toujours avec ses grands yeux bleus remplis de tendresse et d'admiration, il cherchait quelque chose à lui dire. Quelque chose de gentil et de galant... Il ouvrit la bouche pour parler mais il n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit, un gémissement chassa toutes ses pensées agréables. "Maurice ? - Merde, il se réveille. Florie a mal dosé ses spores... Je dois filer. - Déjà ... Soupira Marguerite. - Demain soir, à minuit, je serais sous ta fenêtre. La nuit au moins, personne ne nous dérangera..." Jonathan caressa brièvement les doigts de son amie avant de sortir du cabanon. Il s'en éloigna à petites foulées, caché derrière les buissons. Marguerite savait qu'il repartirait par la petite grille au fond du parc, celle dont elle avait fait un double des clefs. Marguerite poussa un long soupir de bonheur. Elle était seule dans sa chambre avec son natu. Alors qu'elle restait étendue sur son lit, les yeux rêveurs fixés sur le plafond, l'oiseau s'agitait autour d'elle, il voulait jouer. Mais la jeune femme ignorait complètement les piaillements du pokémon, toutes ses pensées étaient tournées vers John. Contrarié, le natu agita ses petites ailes et grimpa sur le lit de Marguerite il lui picora les pieds avant de sautiller jusqu'à sa tête et de pioupiouter au dessus d'elle. "Natu nat natu tu ! - Natu... Qu'y a t'il ? - Natu TOU ! - Tu t'ennuies ? Demanda la jeune femme avec un sourire absent. Il ne faut pas... La vie est si belle. - N'tu ?" L'oiseau pencha la tête de côté en regardant sa dresseuse, elle était bizarre aujourd'hui. Le soir venu, Marguerite reprit ses anciennes habitudes et descendit entre les lianes de boustiflor par la fenêtre de sa chambre. Elle atterrit dans les bras de Jonathan et les deux jeunes gens filèrent discrètement jusqu'au cabanon. John s'était assuré que François n'occupait pas déjà la cahute. Ils parlèrent toute la nuit pour rattraper le temps perdu. Par chance, peu de temps après le retour de Jonathan, François partit deux semaines skier sur le Mont Couronné à Shinnoh. John et Marguerite purent alors profiter sans soucis du cabanon. Un soir, Marguerite laissa sortir son Natu et les deux humains s'assirent en tailleur sur le sol poussiéreux tandis que l'oiseau furetait dans le débarras. "Comment ça se passe avec Natu ? Demanda Jonathan en observant le petit pokémon. - Il est génial. Je n'aurais pas pu rêver mieux. Mais il a l'air moins heureux depuis que l'hiver s'est installé. Il va moins souvent dans le jardin. - Tu comprends maintenant ce que mes propres pokémon ressentaient..." Marguerite sourit tristement, elle aurait tant aimé que Jonathan travaille toujours au manoir. "A ce propos, tu n'es toujours pas décidée à m'accompagner ? Je suis sûr que ça plairait à Natu. Tenta le jeune homme. - Je ne partirai pas Jonathan. - Pourquoi ? Pourquoi tiens-tu tellement à rester ici ? - C'est ma famille Jonathan. Ma seule famille. - Et moi dans tout ça ? - Tu es mon ami... Mon seul ami." Jonathan ferma les yeux et soupira. C'était peine perdue que d'essayer de la convaincre. John ne savait plus quoi faire. Il ne pouvait pas rester indéfiniment ici à veiller sur Marguerite en secret... "Tu sais ce que j'aimerais surtout ?" Demanda Marguerite. Jonathan, sorti de ses réflexions, se tourna vers elle. Ses yeux bleus brillaient comme ceux d'un otaria. "Un autre pokémon, pour tenir compagnie à Natu. Un pokémon discret qui pourrait aussi bien rester caché dans le manoir et dans le jardin." La jeune femme semblait rêveuse alors Jonathan tenta une dernière ruse. "Si tu venais avec moi, tu pourrais capturer le pokémon de ton choix. - Jonathan... - C'est bon, je n'insiste plus." Le jeune homme regarda sa montre. "Il va falloir que j'y aille, sinon le centre pokémon sera fermé quand j'arriverai à Parmanie. - Tu reviens demain ? Demanda Marguerite, la voix remplie d'espoir. - Oui. Même heure, même endroit ?" Marguerite hocha positivement la tête, alors Jonathan lui sourit avec gentillesse et déposa un baiser sur sa joue. Après le retour de François, Jonathan espaça ses visites, le benjamin des De Richemensueur fréquentait trop souvent le cabanon. John dut ruser pour continuer de voir son amie. Il chargeait son étourvol et son polichombr de surveiller François, il n'allait voir Marguerite que lorsque le terrain était dégagé mais c'était sans compter sur Madame Piafabec qui tyrannisait la jeune femme. La gouvernante n'avait toujours pas digéré les multiples évasions de Marguerite du cabinet de pénitence. Natu était lui aussi un précieux allié, Florie la boustiflor et sa poudre dodo également. Mais Jonathan commençait à se lasser de ses va et vient au manoir. Il avait l'impression d'être un espion ou un cambrioleur et cela lui déplaisait beaucoup. Il fallait trouver une solution, sortir de cette situation compliquée. Une nuit, Jonathan s'installa aux côtés de Tornade dans un arbre du parc près des fenêtres de Marguerite et il médita. A l'aube, il avait prit sa décision. Marguerite était en train de préparer sa tenue pour le lendemain. Elle s'interrogeait à propos de Jonathan car elle n'avait pas vu Tornade depuis deux jours. Elle attendait avec impatience leur prochain rendez vous. Brusquement, une silhouette noire traversa son placard à vêtements. Marguerite fit un bond de côté, effrayée par l'apparition. Elle se calma aussitôt en reconnaissant le Polichombr de Jonathan. "Fantom ? Qu'est ce que tu fais là ?" Demanda Marguerite au pokémon qui flottait devant elle. Le pokémon spectre lui tendit une lettre-mer bleue foncée, Marguerite la déplia. Comme d'habitude, Jonathan écrivait très sobrement et ne signait pas, au cas où le papier tomberait entre les mains de Madame Piafabec. "J'ai quelque chose à faire, je vais m'absenter pendant deux ou trois semaines. Ne t'inquiètes pas, j'enverrai Tornade t'informer de mon retour. A bientôt Princesse." Marguerite fit la moue en griffonnant deux mots, "reviens vite", puis elle referma la lettre. "Polombr ? Polichombr ?" Demanda le fantôme en basculant la tête à l'envers. Marguerite se força à sourire au pokémon et lui rendit le courrier. "Rapportes la à ton maître, et fais lui comprendre qu'il aurait pu venir me dire au revoir lui même. - Policombr poli polichombr ! (A tes ordres princesse !)" Policombr salua la jeune femme et fila à travers le mur, la lettre-mer coincée entre ses lèvres fantomatiques. Marguerite regarda par la fenêtre le spectre disparaître parmi les ombres de la nuit. La petite bourgeoise comptait les jours comme un bagnard dans sa cellule. Sur la couverture du numéro 173 du magazine "Pokémon et découvertes", elle alignait des bâtons. Déjà quatre semaines, alors qu'il avait dit deux ou trois. Chaque matin, elle guettait l'arrivée d'étourvol mais l'oiseau n'était jamais là . Les beaux jours eux étaient revenus, de ce fait Marguerite laissait Natu vagabonder jours et nuits dans le domaine. Le pokémon se dégourdissait les ailes avec plaisir et il avait retrouvé certains de ses camarades roucools. Marguerite elle devait se contenter de Natu, son seul autre ami Jonathan n'était toujours pas de retour. La monotonie envahissait à nouveau sa vie et même Natu avait du mal à réconforter sa dresseuse désormais. Les jours se succédaient et la couverture de la revue pokémon se noircissait de tirets. La jeune femme passait de longues heures à attendre près des fenêtres du manoir, espérant la venue de Tornade... De temps en temps, elle caressait le bec de son natu qui venait se poser devant elle. Quand elle pouvait, elle faisait également des balades dans le parc, toujours toute seule ; le persian de sa mère effrayait natu, plus d'une fois le félin lui avait donné la chasse alors Marguerite avait renoncé à l'emmener. Un vendredi en début de soirée, Marguerite flânait le long des allées du domaine. Elle jetait des coups d'oeil irréguliers à la cime des arbres, espérant apercevoir une aile grise et blanche ou une paire d'yeux ébène luisants, mais une fois de plus il n'y avait rien d'autre que des hoothoots mal réveillés ou des roucools somnolents. Marguerite arriva à proximité du cabanon, ses yeux s'embrumèrent de souvenirs. Quelle nostalgie... Le coeur serré, elle s'approcha de la masure. C'est là qu'elle remarqua un lombre, adossé contre le mur de bois, le pokémon faisait la sieste, à moitié dissimulé par une touffe de bruyère. Marguerite sentit son coeur s'emballer, elle était persuadé qu'il s'agissait de Lambert, le pokémon de Jonathan. Elle se rapprocha encore de la cabane. La lumière tamisée des lanternes de jardin laissait entrevoir l'intérieur du cagibi, Marguerite vit une silhouette masculine debout derrière les carreaux. La jeune femme se jeta en avant et ouvrit brusquement la porte du cabanon, elle avait un sourire jusqu'aux oreilles. Sa mine réjouie disparut aussi vite qu'un spectrum dans le brouillard lorsqu'elle reconnut la silhouette qu'elle avait aperçu par la fenêtre. Son frère François se tenait debout dans le cabanon et était en train de reboutonner sa chemise. Assise près de lui, une lycéenne était en train d'enfiler ses collants. Les joues de la jeune fille s'embrasèrent en apercevant l'héritière des De Richemensueur, le réaction de François fut très différente, il cligna simplement des yeux, surpris. "Marguerite ? Qu'est ce que tu fais là ? - Je... Rien." La jeune fille tourna les talons brutalement et sortit du cabanon à toute vitesse, le lombre à côté de la porte se réveilla en sursaut. Certes Marguerite était gênée, mais elle était surtout terriblement déçue que ce ne soit pas Jonathan dans le cabanon. Elle sentait sa gorge se nouer. François planta sa petite amie et fila dehors à son tour. Il courut derrière sa soeur et l'agrippa par le bras pour la retenir. Marguerite se retourna en sentant la pression sur son poignet, elle ne l'avait pas vu venir. "Marguerite, réponds moi : qu'est ce que tu faisais dans ce cabanon ? - Et qu'est ce que tu y faisais toi ? Siffla t'elle entre ses dents, très irritée. - Tu n'es pas si ingénue que ça petite soeur... Réponds, qu'est ce que tu étais venu chercher ? - Mais rien ! J'ai entendu du bruit alors je suis venue voir, c'est tout. - Ca fait cinq ans que j'emmène des filles dans ce cabanon Marguerite !" La jeune femme parut choquée, elle le savait bien sûr, mais l'aplomb avec lequel son frère l'affirmait était déplacé. "Pourquoi aujourd'hui tu as décidé d'y rentrer ? - Lâches moi !" Marguerite dégagea brutalement sa main, heureusement pour elle François n'était pas fâché et il ne la tenait pas aussi fermement qu'il pouvait tenir sa fiancée Elisabeth lorsqu'elle le contrariait. Et puis Marguerite était quand même sa soeur, son sang et sa chair. La jeune aristocrate était énervée, elle se souvenait parfaitement que François était à l'origine du renvoi de Jonathan. "Marguerite, qui pensais-tu trouver dans ce cabanon ?" La jeune femme ne répondit pas, elle toisa son frère en pinçant les lèvres. François soutint son regard, il sentit à ce moment précis qu'elle ne lui dirait jamais quoi que ce soit. "Vas t'occuper de ta COPINE, avant que quelqu'un d'autre de moins discret que moi tombe dessus !" Sur ces mots, lancés comme une attaque poing glace, Marguerite se précipita vers le manoir et partit s'enfermer dans sa chambre. Aujourd'hui non plus elle ne verrait pas Jonathan. Cela faisait plus de trois mois qu'il avait disparu. François, accoudé à la vieille porte du cabanon, suivit du regard le trajet de sa soeur. La lycéenne se rapprocha timidement de lui, en prenant garde de ne pas apparaître à la lumière des lanternes. Elle tenait une superball dans sa main, le lombre se tourna vers elle avec un air confus. "Lomb, lombre... - Tu étais sensé monter la garde toi. - Lombr... S'excusa mollement le pokémon face à sa dresseuse. - François... Est ce que je vais avoir des problèmes ? - Non, toi non." Trois jours plus tard, à l'heure du déjeuner, quelqu'un vint frapper à la porte de l'office de Jean-François De Richemensueur. "Entrez." François ouvrit la porte et pénétra dans la pièce. Le patriarche se trouvait assis à son bureau, l'air excessivement sérieux et concentré, il était plongé dans la lecture des bilans financiers de ses usines à Hoenn. Il ne prit pas la peine de relever la tête. "Tu voulais me voir François ? - Oui père", répondit le jeune homme en verrouillant la porte derrière lui. L'aristocrate s'avança dans la pièce. Il s'arrêta devant le secrétaire de son paternel et alla droit au but. " Père je m'inquiète pour Marguerite. Je la soupçonne d'avoir un amant." Cette fois, Jean-François s'arrêta de travailler. Il leva très lentement les yeux vers son fils. " Tu l'as surprise ? Demanda le père d'une voix lente et rauque. - Non mais je la vois souvent tourner autour du cabanon." Monsieur De Richemensueur se massa les tempes, il semblait fatigué et irrité. "Je ne te le demanderai qu'une seule fois François et après nous n'en reparlerons plus. Nous comprenons nous ? - Oui père. - Que s'est il ENCORE passé dans ce cabanon pour que tu accuses ta soeur de ce genre de chose ? - J'étais déjà dans le cabanon, en agréable compagnie. Avoua François sans la moindre gêne. Mais Marguerite est entrée, très joyeuse et lorsqu'elle m'a vu elle n'a eu l'air ni choquée ni offusquée, juste déçue qu'il ne s'agisse que de moi... Elle s'attendait à trouver quelqu'un d'autre dans cette cabane, j'en suis persuadé." Le père se leva de son bureau et alla méditer à sa fenêtre. Il lança au passage quelques regards assassins au cabanon de jardin. Si seulement cette masure ne pouvait être qu'un simple local pour les outils de ce jardinier fainéant... Le raser définitivement serait aussi une solution. Tandis que le père se murait dans le silence, François tenta une relance. "J'ai voulu questionner Marguerite mais elle m'a tenu tête. Père, elle cache quelque chose, je ne la reconnais plus. J'ai peur qu'elle finisse par faire une bêtise. - Pour l'Amour du Ciel François, la seule chose qui te préoccupe c'est ton propre destin alors taies toi et laisses moi réfléchir. - Bien Père. Je peux disposer ? - A ton avis ?" François ne perdit pas une seconde de plus et fila à l'anglaise, il avait rarement vu son père aussi énervé, il ne valait mieux pas rester dans les parages sinon Marguerite ne serait pas la seule à subir son courroux. Aussitôt que François eut fermé la porte du bureau, Jean François tira sur un gros cordon rouge qui pendait à côté de son secrétaire. Moins de vingt secondes plus tard, un serviteur pénétra dans la pièce. "Monsieur a besoin de quelque chose ? - Vas me chercher Madame Piafabec sur le champ. - Tout de suite Monsieur." La porte à nouveau close, le patriarche se replongea dans ses pensées, le regard figé sur le cabanon en contrebas. Il ne fit pas attention au temps qui s'écoulait, seule la voix sèche de Madame Piafabec qui se trouvait désormais derrière lui le sortit de ses réflexions. "Vous m'avez fait mander Monsieur ? Demanda la vieille femme, non sans une certaine angoisse dans la voix. - Où se trouve ma fille en ce moment ? - Dans la bibliothèque Monsieur. Elle étudie la botanique aujourd'hui. - Très bien. Donnez lui suffisamment de travail pour plusieurs heures, qu'elle ne sorte sous aucun prétexte. Pendant ce temps, prenez l'une des femmes de chambre de mon épouse avec vous et allez fouiller les appartements de Marguerite. - Oui, euh... Que dois je chercher Monsieur ? - Tout ce qui vous paraîtra suspect." Répondit l'homme sans plus de détails, mais Madame Piafabec connaissait son travail. "Bien Monsieur." La gouvernante s'inclina et s'empressa de quitter la pièce, elle aussi avait senti la tension qui régnait dans le bureau et dans l'esprit du patriarche. Madame Piafabec et Suzon, une domestique, fouillaient tour à tour les armoires, les commodes, les étagères et tous les recoins de la chambre de Marguerite. Il n'y avait rien d'inhabituel aux yeux de la vieille gouvernante, elle connaissait la pièce par coeur. Elle connaissait même le cabinet de toilettes par coeur. Elle n'attendait jamais les ordres du Maître pour fouiner dans les affaires de la cadette et vérifier qu'elle n'était pas pervertie par quoi que ce soit. Mais une fois de plus il n'y avait rien de rien. Madame Piafabec passait en revue tous les livres de l'étagère, elle en ouvrait quelques uns, espérant trouver à l'intérieur des lettres d'Amour secrètes mais il n'y avait rien. Une chose cependant attira son attention. Enfilée entre deux ouvrages, une longue plume grise dépassait de quelques millimètres. La gouvernante extirpa l'un des livres pour prendre la plume entre ses doigts. Elle était douce et soyeuse, Marguerite en avait pris grand soin. Ce n'était qu'une plume bien sûr, mais elle intriguait Madame Piafabec. La gouvernante fut perturbée dans ses cogitations par un grand fracas derrière elle. Elle se retourna d'un geste vif et vit la lampe de bureau brisée sur le sol, Suzon, les pommettes rougies, debout à côté d'elle. Madame Piafabec sortit de ses gonds. "Mais quelle maladroite ! Décidément vous n'êtes bonne à rien ma fille ! - Pa... Pa... Pardon Madame." Balbutia la jeune fille en fixant ses pieds. "Ramassez donc vos bêtises ! Cracha la gouvernante. Grâce à vous, Mademoiselle comprendra que l'on a fouillé sa chambre ! Elle va encore bouder pendant des jours ! Ah !" La gouvernante se tourna à nouveau vers la bibliothèque et Suzon, tremblante et rouge de honte, se jeta aussitôt par terre pour nettoyer les déblais mais elle s'arrêta. "Ma... Madame." Appela t'elle d'une voix mal assurée. Madame Piafabec se retourna et posa sur la femme de chambre des yeux perçants dignes d'un vrai piafabec. La jeune femme tendit un bras hésitant vers la gouvernante, elle tenait quelque chose dans la main. "Je... Je viens de trouver cela Madame. Elle devait être cachée dans le socle de la lampe." Madame Piafabec vint se saisir de l'objet et le regarda attentivement. "C'est une pokéball Madame ? - Oui... Mais une pokéball particulière." Madame Piafabec était très instruite, elle connaissait les pokéballs de Johto et reconnut immédiatement une loveball. Elle l'ouvrit, la capsule était vide. Madame Piafabec connaissait les coutumes des dresseurs, elle connaissait les rites amoureux de certains... Et les loveballs avaient une signification bien précise. Elle se retourna et regarda à nouveau la plume toujours posée sur l'étagère. Une plume d'étourvol évidemment, comment avait elle pu ne pas l'identifier au premier coup d'oeil ? Madame Piafabec serra les poings. Cette enfant ne lui aura rien épargné. Désormais, elle devait faire son rapport à Monsieur De Richemensueur... Madame Piafabec passait une mauvaise journée. Marguerite sursauta lorsque le vieux rapasdepic comme ils l'appelaient entre frères et soeurs débarqua dans la bibliothèque en ouvrant la porte à la volée. "Marguerite ! Votre père vous attends dans son bureau !" Marguerite se leva, tendue, pourquoi cette vieille folle était elle encore furieuse ? Qu'avait elle encore fait de mal ? "Ne traînez pas !" La gouvernante lui harponna le bras. Ses mains étaient pires que des serres de guériaigle. "Vous me faites mal Madame ! - Ne traînez pas vous dis-je ! Restez assis Pierre-Antoine !" Le frère de Marguerite, qui étudiait lui aussi dans la bibliothèque était prêt à se lever pour intervenir. C'était un réflexe idiot il le savait, même majeur Madame Piafabec avait autorité sur eux, il ne pouvait rien faire. Durant tout le trajet entre la bibliothèque et le bureau de Jean-François, Marguerite se tortura l'esprit, que lui voulait-il ? Elle n'osait rien demander à Madame Piafabec, surtout que la gouvernante avait la mine encore plus sinistre que d'habitude, ça n'avait vraiment rien d'engageant. Lorsqu'ils arrivèrent devant la porte du bureau, la gouvernante ne prit pas la peine de frapper, ce qui inquiéta doublement Marguerite. Elle se contenta d'ouvrir la porte et poussa Marguerite à l'intérieur. "La voilà Monsieur. - Merci Sibylle. Laissez nous maintenant." La gouvernante ressortit vite de la pièce, sans un mot et sans un regard pour la jeune Marguerite. Jean-François se tenait debout près de la vitre, toujours en train de contempler son domaine. Un silence pesant régnait désormais entre les quatre murs austères. Marguerite posa les yeux sur le bureau de son père ; bien en évidence sur le rebord du meuble, juste devant elle, étaient posés la plume de Tornade et la loveball de Natu. Marguerite pâlit tellement que sa peau devint plus blanche que celle d’un lamantine. Jean-François De Richemensueur se tourna vers sa fille, le visage grave, le regard glacé et sa voix plus austère que jamais. "Madame Piafabec a trouvé ceci dans ta chambre." Piafabec ! Encore et toujours cette vieille folle, méchante, malsaine, sadique… Rumina Marguerite. "Quelle explication as-tu à me donner… Marguerite ?" La jeune femme fixait ses chaussures, elle avait du mal à ne pas trembler. Son père s’avança vers le bureau et regarda les deux objets tandis que Marguerite se murait dans le silence. "Une loveball et une plume d’étourvol… Le seul étourvol qu’il n’y ait jamais eu ici est celui de Jonathan Mells. Madame Piafabec ne comprenait pas comment tu faisais pour sortir du cabinet de pénitence, elle soupçonnait Pierre-Antoine de te venir en aide. Il est évident aujourd’hui que ton frère n’y est pour rien, c’est Jonathan qui te faisait sortir n’est ce pas ?" Non ce n’était pas lui, c’était natu. Marguerite réfléchissait du mieux qu’elle pouvait vu les circonstances et son stress qui ne faisait qu'augmenter. Elle pouvait démentir les propos de son père, mais ce serait pour révéler l’existence de natu qui était un cadeau de Jonathan, le problème restait le même et le plus grave, c'était qu’on risquait de lui confisquer son pokémon. Alors Marguerite acquiesça. "Oui père…" Murmura la jeune femme d’une voix à peine audible, ses yeux toujours rivés sur le sol. Jean-François grogna de mécontentement, il haussa le ton, son sang froid légendaire commençait à chauffer. "Nom d’un caninos Marguerite ! Es-tu devenue folle ? Les frasques de tes frères sont déjà bien assez difficiles à gérer mais toi ! TOI ! De ta part c’est inexcusable ! - Père, Jonathan et moi sommes amis c’est tout…" VLAM ! La gifle vola sans que Marguerite ne s’y attende. Jamais son père n’avait levé la main sur elle, ni sur aucun autre de ses enfants, c’était la toute première fois. Marguerite, sous le choc, se massa la joue en regardant son père de ses yeux écarquillés, brillants de larmes. Sous son crâne, résonna comme un écho lointain le cri de son natu. "Taies toi ! S’il y a une chose que je déteste encore plus que le mensonge, c’est qu’on me prenne pour un imbécile. Une loveball… Tu crois que je ne sais pas ce que signifie ce présent ? Lorsqu’un dresseur offre une loveball à une femme ?" Désormais, Marguerite n’arrivait plus à détourner son regard de son père, elle ne l’avait jamais vu dans une telle fureur. Elle-même se sentait peu à peu envahir par la colère et la rancœur. C’était la vérité : John et elle n’étaient que des amis, certes elle aurait souhaité d’avantage, certes elle était amoureuse de lui, certes elle savait elle aussi ce qu’était une loveball mais la réalité était plus sobre, plus banale et même plus pathétique. Jonathan était parti depuis plus des mois sans donner de nouvelle, la plongeant dans le désarroi. Elle et lui ne s’étaient jamais embrassés, alors ils n’avaient certainement pas fait de "frasque" comme le disait son père. Inutile d’en parler, le patriarche ne la croirait pas de toute façon. "Est-ce que tu te rends compte de ce qui arriverait si cette histoire s’ébruitait ? Voilà des mois que j’essaye de convaincre Lilian Sylphe de fiancer son fils avec toi. L’héritier de la Sylph Sarl Marguerite : la plus grosse entreprise pokémon de Kanto et Johto ! Que se passerait-il s’il apprenait que ma fille couche avec mon ancien jardinier ?!? - Pierre-Edouard et François n’ont eu aucun problème pour se marier alors que la moitié des filles de Parmanie sont passées entre leurs reins ! S’emporta Marguerite. Pourquoi suis je toujours traitée différemment d’eux ? Pourquoi ?!? - Parce que ce sont des hommes petite sotte ! Ils pourraient créer des bâtards par dizaine qu'ils nieraient tout en bloc ! JE nierai tout en bloc ! » Hurla Jean-François De Richemensueur après sa fille véritablement choquée. "Mais toi Marguerite tu es une femme ! Si tu tombais enceinte ce serait une catastrophe ! Y as-tu seulement songé ?!? - Et s’il était déjà trop tard ? Le provoqua Marguerite. - Non… Non ce n’est pas… Possible…" La voix caverneuse du père semblait traverser une muraille de ténèbres. Attiré par les cris de Jean-François et par les sentiments d’angoisse et de tristesse de sa dresseuse qu’il ressentait depuis l’autre bout du parc, Natu vint à tire d’aile se poser sur le balcon du patriarche. Jean-François était sidéré, plongé dans un abîme de colère et de consternation. Son unique fille le décevait, le trahissait… « Ca suffit… Cette fois s’en est trop. Dès demain tu pars à Hoenn. Puisque même cloîtrée dans ce manoir tu arrives à me faire honte, tu passeras le reste de ta jeunesse au couvent, enfermée chez les sœurs tarsal et sous leur surveillance. Elles seront pour toi comme une armée de Madame Piafabec... Pas de larme d’escrococ ! Elles ne te serviront plus à rien, ni avec moi, ni avec ta mère, ni avec ce venipatte de Jonathan Mells ! Ton bébé nous te l’arracherons de force et tu resteras dans l’ombre et le silence jusqu’à ce que je te trouve un mari convenable ! - Vous… Vous n’avez pas le droit… - Le droit ? LE DROIT ? Je suis ton père ! J’ai TOUS les droits ! Je ne laisserai pas une enfant stupide ruiner notre famille ! Tu étais mon plus grand espoir, tu aurais pu devenir plus riche et plus influente que tes trois frères réunis ! Mais bien sûr il a fallu que toi aussi tu ailles t’enticher d’un gueux ! D’un de ses maudits vagabonds, un minable dresseur de pokémon ! - Natu ! N’tu n’tu ! - Tu me fais honte Marguerite ! - C’est vous qui me faites honte ! Vous et toute notre famille !!! » La jeune fille éclata en sanglots, son père leva le bras pour la frapper une nouvelle fois quant brusquement la vitre du balcon éclata en un millier d’éclats. L’homme se retourna en se protégeant le visage, il eut le temps d’apercevoir une lumière rose scintillante avant d’être frappé de plein fouet par une vague psychique qui le propulsa plusieurs mètres plus loin. Sonné par l’attaque psy, Jean-François s’écroula sur le sol au milieu des débris. Marguerite était paralysée, rien ne l’avait touché, absolument rien, elle avait été protégée des pointes de verre par une sorte de bouclier psychique. Derrière le bureau saccagé, sur le balcon, elle aperçut son petit natu qui rayonnait encore d’une lueur rose diffuse mais menaçante. L’oiseau paraissait essoufflé, en colère mais il fut partiellement rassuré de voir sa dresseuse saine et sauve. « Na… Natu c’est toi qui… -N’tu natouuuu ! » L’oiseau s’envola brusquement et vint se blottir contre sa maîtresse. La jeune femme, encore sous le choc, le réceptionna entre ses bras, le pokémon frotta son bec contre sa poitrine avec affection et soulagement. Alors que Marguerite caressait la tête de son pokémon, elle réalisa ce qui venait de se passer. Elle se précipita vers la porte du bureau et tourna la clef dans la serrure. Elle entendait des gens courir dans le couloir. Elle se retourna et regarda son père, étendu à plat ventre sur le sol, inconscient, les mains coupées par des éclats de verre. Elle le contourna et se précipita sur son bureau, pour ramasser la loveball de natu et la plume. Elle offrit un sourire ému à son pokémon et murmura "merci" avant de le rappeler dans sa ball. On tambourina à la porte, Marguerite regarda frénétiquement de tous les côtés comme un vivaldaim affolé. C'était inutile, de ce qu'elle savait du bureau de son père, il n'y avait qu'une seule porte, une seule issue, elle était coincée. Derrière la porte on cognait, on criait, Marguerite courut jusqu'au balcon. Il était si haut... Elle entendit à nouveau le cri télékinésique de son natu dans son esprit. "Natu ? Natu ?" Marguerite verrouilla la loveball pour éviter qu'il ne s'échappe et tente d'intervenir, elle était perdue de toute façon... "Natu !!!" Hurla le pokémon terrifié depuis sa ball. Marguerite grimpa debout sur la rambarde, des larmes se déversant par flots le long de ses joues. Elle ferma les yeux. Pourvu que la chute soit mortelle... |
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