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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 6
Nom de l'œuvre : Je vous rejoindrai quand il gèlera en Enfer! Nom du chapitre : Chapitre 6 : L'épée de Gryffondor
Écrit par Orube Chapitre publié le : 15/11/2011 à 08:09
Œuvre lue 25415 fois Dernière édition le : 15/11/2011 à 08:09
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Chapitre 6 : L’épée de Gryffondor







L’affiche en l’honneur de Fred et Georges disparut dès le déjeuner, mais l’effet qu’elle avait provoqué, lui, perdura jusqu’après Halloween. Pendant qu’il se rendait d’une classe à l’autre, dans les couloirs, Neville entendait souvent les élèves en discuter et lancer des blagues comme : «Lui au moins, il n’aura jamais eu besoin de se déguiser pour Halloween. ».

En guise de représailles, Rogue annula le banquet dans la grande salle, et le 31 au soir, personne ne tenta de transformer le repas en autre chose que celui d’une soirée normale. Mais tous les membres de l’AD s’étaient mis d’accord pour organiser une petit fête dans les salles communes, afin que le moral de tout un chacun n’en prenne pas un coup. Tous participèrent en partageant biscuits et autres sucreries, et les élèves de première année, qui ne connaissaient pas la véritable envergure d’Halloween à Poudlard, parurent comblés par cette petite consolation. Neville, lui, était pleinement satisfait que leur premier « coup » ait marché et se contrefichait de devoir renoncer à un repas de fête, tout comme tous les autres élèves de son année. Ginny et ses amis semblaient du même avis. D’une certaine manière, la punition de Rogue n’en était réellement une que pour les Serpentards, qui avaient lorgné les autres tables d’un air mauvais pendant toute la soirée. Ce qui avait réussi à mettre Neville d’encore meilleure
humeur.






Le mois de Novembre arriva enfin, et la température descendit brutalement. Il pleuvait souvent, et même les sorties à Pré-au-Lard étaient moins réjouissantes qu’avant. Neville passait le plus clair de son temps sur son lit, à rêvasser, et se laissait parfois tirer de ses pensées par un Seamus pressé de lui apprendre une nouvelle quelconque.

Parfois, il lisait la Gazette du Sorcier, ce qui lui laissait un goût âpre dans la bouche. Les avis de recherche s’y amoncelaient, tous concernant des nés-moldus qui ne s’étaient pas présentés devant la Commission d’enregistrement du Ministère. Chaque fois qu’il y jetait le moindre coup d’œil, l’image de Harry lui sautait au visage, avec la légende : « Indésirable n°1 ». Après quelques instants seulement, il se souvenait qu’il devait en être soulagé. En effet, si Harry avait été arrêté, cela aurait certainement fait la une des journaux. Il était la dernière personne à encore donner un peu d’espoir à tous ceux qui ne croyaient pas en la suprématie des Sangs-Purs. En dehors des avis de recherche, de longs articles avaient fait leur apparition, expliquant de quel manière le Ministère comptait rendre aux Sorciers leur véritable place et se débarrasser des problèmes que les moldus leur posaient, ou encore de quel manière les nés-moldus pouvaient avoir volé la magie de sorciers honorables.

Fort heureusement, il y avait Luna pour lui donner de vraies informations. Son père n’avait probablement jamais rien écrit d’aussi censé, même par rapport à l’époque où il soutenait déjà Harry et Dumbledore lorsque ces derniers affirmaient que Voldemort était de retour. Luna lui racontait qu’il recevait beaucoup de lettres de menace de la part du Ministère, mais que malgré cela, il continuait. Neville le trouvait admirable, de prendre autant de risques pour ce qui lui semblait juste. Parfois, il avait peur pour Luna. Que deviendrait-elle si jamais son père était arrêté ?

Ne pas penser à ça. Ne jamais penser au pire. Ça ne servait à rien.

Garder espoir.






Une nouvelle matinée, toujours les mêmes pas, les mêmes gestes, se laver, se changer, prendre son sac, descendre dans le Hall. Depuis sept ans c’était ainsi. Pourquoi n’était-ce que depuis quelques mois qu’il se sentait aussi las ?

Mais cette journée ne semblait pas vouloir être comme les autres. A nouveau, les étudiants étaient agglutinés contre un mur, mais aujourd’hui les rires ne fusaient pas, et l’ambiance était lourde. Neville reconnu de loin une affiche semblable à celle qui avait interdit les rassemblements de plus de trois élèves, et redouta ce qui allait suivre. Néanmoins, il ne put s’empêcher, comme tous les autres, d’aller lire.



<i>A compter de ce jour, la Brigade Inquisitoriale, composée d’élèves de sixième et de septième année, remplacera les Préfets dans leur rôle disciplinaire. Ces élèves, choisis avec soin par le professeur Rogue, se verront accorder le droit de retirer des points à la maison d’un élève s’ils le jugent nécessaire. Ils seront en outre responsables de la surveillance des élèves en retenue.</i>



Neville déglutit péniblement. Parmi les nombreux mauvais souvenirs qu’il avait à Poudlard, celui de la Brigade Inquisitoriale faisait partie des pires.

Blaise Zabini passa à côté de lui, et lança d’une voix forte :

« Vous avez tous bien compris ? A partir de maintenant, dans cette école, c’est le respect qui prône. Partout, même dans les couloirs ou dans la Grande Salle. Le premier que j’entends dire un mot de travers à propos de Monsieur le Directeur ou d’un professeur, il aura gagné le droit de passer la journée avec moi en retenue. C’est clair ? »

Neville le dévisagea et vit, sur sa poitrine, briller l’insigne de la Brigade Inquisitoriale.

« Pour respecter quelqu’un, il faut déjà qu’il le mérite », lâcha-t-il froidement.

Un silence de plomb tomba autour d’eux. Zabini s’approcha de Neville, si près que leurs nez se touchaient presque.

« Tu te proposes pour être le premier, Londubat ? »

Ce dernier resta cloué sur place, le regard fixé sur Zabini, mais le cœur battant tellement vite qu’il fut incapable de répondre quoi que ce soit. Zabini comprit.

« Laisse tomber, tu es trop trouillard pour l’être, railla-t-il. Pour ta remarque de tout à l’heure, je retire 30 points à Gryffondor. Et estime-toi heureux que ça s’arrête là. »

Il fit un pas en arrière et lui lança un regard plein de mépris.

Neville fit volte-face et entra dans la Grande Salle, se demandant si un jour il pourrait apprendre comment se rendre invisible.






Dès la fin des cours, il alla se réfugier dans le dortoir, se laissa tomber sur son lit et tenta tant bien que mal de vider son esprit de toute pensée. Au bout de quelques heures, il entendit qu’on l’appelait.

« Neville ?

-Je ne suis pas là.

-Ouvre !

-Je ne suis pas là.

-Je m’en fiche, c’est mon dortoir aussi ! Laisse-moi entrer.

-Attends que je réfléchisse à un autre endroit où aller, alors, répondit Neville sur un ton égal.

-Arrête de faire l’enfant. Je ne sais pas ce que tu as, mais Ginny veut te parler.

-Ça m’est égal. Et je suis bien ici. Va dormir ailleurs.

-Qu’est-ce que… Tu te paies ma tête ou quoi ?! beugla Seamus à travers la lourde porte de bois.

-Va dormir ailleurs », répéta Neville, et il enfouit sa tête sous son oreiller pour ne plus entendre les protestations de Seamus.

Un peu plus tard, une autre voix vint le tirer de sa solitude.

« Neville ? Tu es là ? »

C’était Ginny.

« Non, fit-il platement.

-Dépêche-toi d’ouvrir cette porte.

-Laisse-moi tranquille.

-Neville, je ne sais pas ce qui s’est passé ce matin avec Zabini, mais je m’en contrefiche ! Ouvre cette porte et viens !

-Pourquoi je le ferais ?

-Tu veux l’aider, pas vrai ? »

Le sang de Neville ne fit qu’un tour. Il n’était pas très difficile de deviner qui se cachait derrière cette phrase. Il se leva et alla ouvrir la porte du dortoir.

« Ce soir ? » demanda-t-il à Ginny.

Il vit dans ses yeux qu’elle brûlait de détermination.

« Ce soir », confirma-t-elle.






Ils patientèrent un moment dans la salle commune, afin que personne ne les voie sortir après le couvre-feu. Ils s’attirèrent les foudres de la Grosse Dame, mécontente de devoir leur ouvrir le passage alors qu’elle était sur le point de s’endormir.

« Je ne comprendrai jamais pourquoi un tableau a besoin de repos… maugréa Ginny. Par ici, Neville. Luna nous attend par là, personne ne passe jamais dans ce coin, c’est un cul-de-sac. »

Il la suivit et quelques instants plus tard, la voix ténue de Luna s’éleva tout près d’eux.

« Vous avez mis beaucoup de temps. Je croyais que vous aviez changé d’avis, et je me demandais si je devais y aller toute seule ou pas. »

Ginny lança un regard accusateur à Neville, et dit :

« Il a fallu que je tire Monsieur de sa chambre, parce qu’il boudait…

-Je me suis ridiculisé devant tout le monde, ce matin, d’accord ? riposta-t-il vivement. Alors pardon si j’avais envie d’un peu de tranquillité ! »

Ginny allait répliquer, mais Luna intervint.

« Je ne pense pas que tu te sois ridiculisé, moi. Tu as juste dit la vérité. Et tout le monde était en colère après Zabini parce qu’il en a profité pour retirer beaucoup de points à Gryffondor. Je pense que c’est lui qui a été le plus ridicule d ans cette histoire, pas toi. Tu ne crois pas ? »

Il la contempla un moment, hébété, n’osant trop la croire. Ginny fit claquer sa langue impatiemment, et déclara :

« Ce n’est pas que je ne comprenne pas la gravité de cet évènement, mais je pense qu’on a quelque chose de plus important sur les bras. »

Neville ferma les yeux. Elle avait raison, il le savait, mais il ne put s’empêcher de lui faire remarquer :

« Tu es vraiment infecte en ce moment. »

Elle l’ignora.






Se déplacer dans Poudlard après le couvre-feu sans se faire remarquer n’était pas aussi difficile que Neville l’aurait cru. Le château était grand, et ils avaient peu de chances de croiser un professeur sur leur chemin. Quand bien même ç’aurait été le cas, ils auraient probablement entendu des bruits de pas. Le tout était d’être assez silencieux pour être le premier à entendre l’autre. De plus, Ginny semblait connaître un certain nombre de passages secrets du château, à travers lesquels elle les guidait sans hésitation, Luna et lui. A coup sûr un savoir qu’elle avait reçu des jumeaux.

La seule chose que Neville redoutait vraiment, c’était les fantômes. Ils n’avaient aucun moyen de prévoir où ni quand ils apparaissaient, et ces derniers avaient la particularité de toujours se déplacer sans le moindre bruit. Si rencontrer Nick Quasi-Sans-Tête ne leur aurait certainement pas attiré de problèmes, Neville n’était pas sûr qu’il en fut de même pour les fantômes des autres maisons, qui sauteraient sur l’occasion et feraient remarquer leur présence à un professeur pour prendre l’avantage dans la compétition qui opposait les quatre maisons. Le pire de tout, évidemment, aurait été de rencontrer Peeves, mais ils n’eurent pas cette malchance.

« Tout est parfait, murmura Ginny lorsqu’ils arrivèrent devant la statue qui gardait le bureau de Rogue. On y est arrivés en un rien de temps, et je suis sûre que personne ne nous a remarqués. »

Neville hocha la tête avec un faible sourire, osant à peine croire en leur bonne fortune.

« Le mot de passe ? demanda la statue à voix haute, les faisant tous les trois sursauter.

-Albus Dumbledore », répondit Ginny dans un souffle.

Neville n’en crut pas ses oreilles.

« Quoi ? Comment ose-t-il…

-Pas maintenant, Neville », lui siffla-t-elle.

Il se tut et emboîta le pas des deux filles qui montaient déjà l’escalier, avec une précaution toute particulièrement au cas où l’une des marches grincerait.

« Ginny, chuchota-t-il, tu es vraiment sûre que l’épée est là, au moins ? Tu n’as pas dit comment tu le savais…

-Pas maintenant ! » répéta-t-elle, si bas que Neville dût lire sur ses lèvres pour comprendre.

Ils pénétrèrent dans le bureau. Tout autour d’eux, dans les cadres, les représentations des directeurs successifs de Poudlard dormaient paisiblement. La seule lumière éclairant la pièce était la lueur de la lune, si bien qu’il leur fallu du temps pour examiner toutes les vitrines. Enfin, au bout de quelques minutes, Luna fit signe aux deux autres.

« Elle est là », leur dit-elle en pointant sa baguette au dessus de sa tête.

Ginny leva silencieuse les bras en signe de victoire. Avec un sourire confiant, elle dirigea sa baguette vers la vitrine et ordonna :

« Rattrapez le verre quand il tombera. Ce serait bête de se faire attraper maintenant parce qu’on a cassé quelque chose bruyamment… »

Ils acquiescèrent et se tinrent prêts.

« Je peux y aller ? D’accord. Diffindo. »

Elle traça un trait dans l’air, et le verre de la vitrine se fendit dans le même sens, à la même vitesse. En quelques secondes, elle s’était débarrassée d’une face de la vitrine, qui glissa vers le bas en crissant un peu contre les autres morceaux de verre. Neville et Luna la rattrapèrent sans problème mais durent retenir un cri de douleur. Le verre n’était pas découpé nettement et leur entailla les mains. Neville se força au silence en se disant qu’ils n’auraient aucun mal à soigner ces petites plaies, insignifiantes en comparaison de ce qu’ils étaient parvenus à faire. L’épée était à portée de main, à présent !

« Accio épée ! » murmura Ginny.

Elle ne bougea pas d’un centimètre.

« C’est l’épée de Gryffondor, Ginny, lui fit remarquer Neville. Ne perds pas de temps, prend-la à mains nues !

-Elle est trop haute, répondit-elle. Faites-moi la courte échelle. »

Luna ne protesta pas, mais Neville fit la grimace lorsque Ginny posa son pied sur ses mains ensanglantées.

« Encore un peu plus haut… Encore un peu… Je l’ai !

-Croyez-moi, Miss Weasley, vous n’aurez rien du tout ce soir », déclara une voix glaciale.

Neville lâcha Ginny sous le coup de la surprise. Elle se releva sans peine, tenant toujours fermement l’épée, et sa baguette de l’autre main.

Dans l’ombre du bureau se détachait la silhouette de Rogue. Il avança lentement vers eux. Lorsqu’il fut assez près pour qu’un rayon de lune l’éclaire, Neville vit qu’il pointait sa baguette vers eux, et l’expression de rage sur son visage fut comme un long filet d’eau gelée dans son dos. Quelque chose lui disait que pour ce qu’ils venaient de faire, ils ne risquaient pas qu’une punition.

« Je ne pensais pas voir ça un jour, dit Rogue d’un ton menaçant. Trois élèves qui s’introduisent dans mon bureau en pleine nuit pour me voler… »

Ginny plaça l’épée devant elle, en position de défense.

« Cette épée n’est pas à vous ! clama-t-elle. Elle appartenait à Dumbledore et il l’a léguée à Harry !

-Cette épée, reprit Rogue, est un trésor de Poudlard, et ne vous il ne vous appartient pas plus qu’à Dumbledore ou Potter de la soustraire à ce lieu ! »

Les tableaux, alertés pas les cris, s’éveillaient les uns après les autres et observaient la scène d’un air anxieux.

« Essayez de m’en empêcher, alors ! s’écria Ginny en pointant sa baguette vers Rogue.

-Parce que vous pensez vraiment que je suis incapable d’empêcher trois adolescents inconscients de sortir de mon bureau ? ricana Rogue.

-Qu’est-ce que vous comptez faire ? Nous tuer, comme Dumbledore ? Vous aurez un peu de mal à expliquer ça au Ministère, non ? »

Le visage de Rogue passa de la colère à la folie pure et simple pendant un quart de seconde. Neville le vit se reprendre, et celui-ci hurla :

« Bloclangue ! »

Ginny fut réduite au silence. Dans un mouvement désespéré, elle brandit l’épée et se jeta sur Rogue, qui la repoussa sans mal d’un simple mouvement de sa baguette. Voyant qu’elle se redressait et s’apprêtait à recommencer, il lança :

« Expelliarmus ! »

L’épée et la baguette de Ginny tombèrent un peu plus loin sur le sol. Neville ramassa l’épée aussi vite qu’il le put et tenta à son tour de désarmer Rogue, mais son sort rebondit contre une barrière magique et l’épée tomba une seconde fois, hors de portée à présent.

« Je n’hésiterais pas à stupéfixier le premier d’entre vous qui bougera, c’est clair ? persiffla Rogue. Miss Lovegood, posez votre baguette. »

Elle s’exécuta sans un mot.

« Accio baguettes. »

Les trois baguettes volèrent vers lui et il s’en empara d’un geste sec et rapide.

« Je vais vous raccompagner tous les trois dans vos maisons respectives. Vous récupèrerez ceci, fit-il en agitant les baguettes, demain durant votre premier cours. La semaine prochaine, vous accompagnerez Hagrid dans la Forêt Interdite. Il a du travail là-bas, vous l’aiderez. Maintenant, suivez-moi, et en silence. »

Il se dirigea vers la porte. Ginny, Luna et Neville se regardèrent et obéirent sans résister. Quelque chose s’était éteint en eux. L’espoir de pouvoir apporter une aide véritable au Survivant n’était plus.







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