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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 8
Nom de l'œuvre : Je vous rejoindrai quand il gèlera en Enfer! Nom du chapitre : Chapitre 8 : Immobilité
Écrit par Orube Chapitre publié le : 15/11/2011 à 08:11
Œuvre lue 27282 fois Dernière édition le : 15/11/2011 à 08:11
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Chapitre 8 : Immobilité






Neville se réveilla avec l’impression d’être plus fatigué qu’il ne l’était avant de s’endormir. Instinctivement, il leva la tête vers l’endroit où se trouvait Hannah avant son sommeil, mais elle n’était plus là. Depuis longtemps, sans doute, songea-t-il tandis qu’à travers la fenêtre le soleil faisait une apparition timide.

Pendant une seconde, il se demanda si les évènements de la veille avaient vraiment eu lieu où s’il avait juste rêvé, imaginé tout cela. Mais ce n’était pas logique : si les larmes d’Hannah, le tatouage sur son bras n’était pas vrais, alors pourquoi se serait-il endormi dans la Salle sur Demande ?

Légèrement dérouté, il prit le chemin de la tour de Gryffondor. Il était déjà au moins neuf heures vu la clarté du château, mais heureusement, c’était samedi, il n’avait pas cours. S’il avait dû expliquer la raison de son retard à Alecto… Il réprima un frisson et s’interdit d’y penser.

Il atteignit le tableau de la Grosse Dame, qui le gratifia d’un bâillement quand il lui dit le mot de passe. En entrant, il vit que l’endroit était désert et se souvint qu’une sortie à Pré-au-Lard était organisée ce jour-là. Il pensa y aller après avoir pris une douche, mais il oublia cette idée en voyant les cheveux flamboyants de Ginny dépasser d’un des fauteuils. Il l’appela d’une voix qu’il essaya de rendre joyeuse. Elle sursauta, passa rapidement la main sur son visage avant de se lever pour lui sourire. Neville fut tenté de faire demi-tour en voyant son nez un peu rouge. Il avait eu son lot de larmes pour un bon moment la veille au soir.

« Tu n’es pas au village ? fit-il.

-Je ne suis pas vraiment d’humeur, dit-elle. J’ai préféré rester ici. Pour une fois qu’il n’y a personne, autant en profiter. »

De quoi voulait-elle profiter dans cette pièce vide, Neville n’aurait su le dire.

« Tu étais où, hier soir ? questionna-t-elle. Je suis restée un peu ici pour discuter avec Seamus, mais on ne t’a pas vu rentrer. »

Neville ne sut quel mensonge lui raconter. Il ne pouvait pas parler du tatouage à Ginny, il ne se sentait pas le droit de faire ça à Hannah. Elle s’était déjà tellement débattue pour le lui cacher, mais il l’avait forcée… Soudain, il se sentit mal de ce qu’il avait fait. Hannah lui en voulait sans doute. Il ne savait ni où ni comment elle avait reçu cette horreur sur sa peau, mais qu’il la découvre avait dû ranimer de mauvais souvenirs en elle. Indésirable… Neville n’avait même jamais su qu’elle était de sang moldu. Mais pourquoi l’aurait-il su ? Ce n’était pas le genre de choses dont ils se préoccupaient, ni elle, ni lui. Ils étaient tous des sorciers. Une question demeurait cependant, et pas des moindres. Si elle était vraiment une née-moldue, alors comment pouvait-elle être encore ici, à l’école ?

La voix de Ginny le ramena à la réalité.

« Neville ? Tu dors debout ou quoi ?

-Non, non, marmonna-t-il.

-On dirait que ça ne va pas, insista-t-elle.

-Tout va très bien, ne t’en fais pas. J’ai dormi dans la Salle sur Demande, cette nuit. Je voulais partir le dernier, mais quand je suis sorti, j’ai entendu la voix de Rusard alors j’ai fait demi-tour, et je me suis dit qu’il valait mieux passer la nuit là et ne pas se faire prendre dans les couloirs passée l’heure du couvre-feu. »

Il avait inventé tout ça en l’espace d’une seconde, et s’étonna de voir que Ginny semblait convaincue.

« Et toi, tu es sûre que ça va ? » enchaîna-t-il.

Elle eut un petit sourire sarcastique.

« Ça ne pourrait pas aller mieux ! grinça-t-elle. Il y a juste quelques petits trucs qui clochent. Pas grand-chose… Attends, laisse-moi me souvenir… Ah oui, il y a cette épée, qui nous est passée sous le nez. Et puis, il y a mon petit ami, pardon, mon ex-petit ami…

-Comment ça, ton ex-petit ami ? l’interrompit Neville, mais elle l’ignora.

-…qui est parti à la chasse à je ne sais quoi pour vaincre Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom en me laissant derrière. Pourtant, il a laissé ses meilleurs amis l’accompagner. Pourquoi pas moi ? »

Elle détourna son regard des yeux de Neville, qui se félicita d’avoir vu juste à propos de Ron et de son éclabouille.

« Tu ne penses pas qu’il voulait simplement te protéger ? tenta-t-il.

-Est-ce que j’ai l’air d’avoir besoin d’être protégée, Neville Londubat ?! » vociféra-t-elle.

Il fut surpris de l’entendre lui crier dessus ainsi, mais il savait qu’il ne devait pas s’en offusquer. C’était Ginny, et avec tout ce qu’il lui était arrivé depuis le début de la Seconde Guerre, il comprenait sa réaction.

« Finalement, il a peut-être bien fait de partir sans moi, chuchota-t-elle. J’aurais été un boulet plutôt qu’une aide. Même pas capable de voler une épée à deux pas de là où je dors, même pas capable de sauver une pauvre bête à peine née de la mort. Je ne sers à rien, normal qu’il ait voulu que je reste ici.

-Ne dis pas ça… dit Neville d’un ton rassurant. Ce qu’on fait en ce moment, ça ne sert à rien, tu penses vraiment ?

-De quoi tu parles ?

-De l’Armée de Dumbledore, tient ! D’Halloween, et aussi des prochaines fois… Parce qu’il y en aura d’autres. Tout le monde est motivé, ce n’est qu’une question de temps. On n’a pas réussi à récupérer l’épée, mais on sera peut-être capables de réunir tous ceux dans cette école qui sont contre le nouveau régime, pour se défendre tous ensemble. Tu penses vraiment que ce n’est rien ?

-Les plus âgés auront à peine dix-sept ans… rétorqua Ginny. Je ne dis pas qu’ils seront inutiles, mais contre les Mangemorts, je ne suis pas sûre que ça suffise…

-Ça aidera, tranchera Neville, implacable. Et ça, c’est toi qui l’a rendu possible, Ginny.

-Qu’est-ce que tu racontes ? »

Elle leva les yeux au ciel.

« Je te rappelle que ce n’est pas moi qui ai eu l’idée de rassembler les membres de l’AD. C’est Luna.

-Oui, mais aujourd’hui c’est toi qui a pris leur tête.

-Avec toi, tempéra-t-elle, en souriant cependant.

-Moi ? Personne ne m’écouterait si tu n’étais pas là.

-Pas plus que moi. Tu sais, Lavande ne m’aime pas. Je ne connais pas la moitié des élèves de septième année, je les croisais juste pendant les réunions il y a deux ans. Tu penses vraiment qu’ils m’auraient suivie, ou Luna, si tu n’en avais pas été ?

-Peut-être pas, admit-il. Mais aujourd’hui, tout le monde te connait, et ils te font tous confiance. C’est à toi qu’ils se fient. »

Elle acquiesça. Si elle n’était apparemment pas persuadée de ce qu’il avançait, elle n’avait plus d’arguments à lui opposer.

« J’aurais voulu être avec eux, avoua-t-elle. J’aurais pu les aider, j’en suis sûre. Et j’aurais su… J’aurais su s’ils allaient bien, s’ils étaient toujours vivants, s’ils n’avaient pas été capturés… »

Neville lui dit la même qu’à lui-même à ce propos.

« Si ça avait le cas, ça aurait fait la une des journaux.

-C’est vrai pour Harry, répliqua-t-elle, mais Ron et Hermione ? Je ne pense pas… Si ça se trouve, à l’heure qu’il est, mon frère est à Azkaban et je ne le sais même pas… »

Elle se mordit violemment la lèvre inférieure et détourna les yeux vers la fenêtre. Maladroitement, Neville posa une main sur son épaule.

« J’en ai assez… Je voudrais tellement qu’ils soient tous là… »

Sa voix se brisa, et elle se réfugia dans les bras de Neville pour cacher son visage. Ce dernier, désarçonné par ce geste inattendu, rougit et ne fit plus le moindre geste. Il attendit simplement qu’elle se sente mieux, osant à peine passer ses bras autour de ses épaules pour la réconforter.

Un bruit de pas leur parvint de la porte de la salle commune. Puis, une exclamation de surprise, et la voix de Seamus :

« Je rêve ! Je vous avez prévenus, pourtant… » nargua-t-il.

Ginny se sépara de Neville, tira la langue à l’intrus et adressa un sourire à Neville avant de dire :

« Je vais dormir. Je crois qu’il vaut mieux que je ne réfléchisse pas trop à tout ça… Ça ne changera rien. »

Il hocha la tête et lui rendit son sourire.

Lorsqu’elle eut disparu dans l’escalier, Seamus lança un regard en biais à Neville et lui fit d’une voix moqueuse :

« Elle est prise.

-Je sais ! se défendit Neville.

-Qu’est-ce que tu fiches, alors ?

-Rien du tout ! Tu sais, tout le monde n’a pas une imagination aussi débordante que la tienne, et heureusement.

-Oh… Tout va bien alors ? Mais il y a juste une chose que j’ai du mal à expliquer sans mon ’’imagination débordante’’, c’est ta tête d’écrevisse en ce moment.

-Arrête de raconter n’importe quoi… »

Neville porta machinalement les mains à ses joues. Elles étaient brûlantes.






Tout le week-end, dès qu’il sortait de la tour de Gryffondor, Neville cherchait Hannah des yeux, mais elle n’était jamais là, ni aux repas, ni dans les couloirs, encore moins à la bibliothèque. Il jeta même un coup d’œil discret dans l’infirmerie, mais elle n’y était pas non plus. Il en conclut qu’elle avait dû s’enfermer dans son dortoir, et attendit le début de la semaine, qui la forcerait à en sortir pour aller en cours. Seulement, il eut beau scruter chaque recoin de l’école le lundi, il ne la vit pas plus. C’est ainsi qu’il arriva découragé, le mardi matin, en cours de Forces du mal. Pour couronner le tout, Amycus avait l’air d’une humeur massacrante.

« Aujourd’hui, vous allez vous entraîner au maléfice de Lashlabask. Le premier que j’entends se plaindre ou ne pas travailler aura une retenue, c’est clair ?

-Professeur, intervint Parvati, nous avons étudié ce sort en troisième année…

-Vous n’avez pas bien compris ce que j’ai dit, Miss Patil ? Vous viendrez dans mon bureau à la fin de la journée. Tout le monde au travail, en respectant les binômes habituels. »

Neville et Seamus se regardèrent un bon moment sans rien faire. Le sort de Lashlabask consistait à lancer une gerbe d’étincelles brûlantes contre la cible. C’était un sort élémentaire, et ils auraient très bien pu le pratiquer contre un mur, il n’y avait aucun besoin de s’y entraîner par deux.

D’un pas mécanique, ils se mirent en position, ne sachant encore que faire pour éviter d’avoir à obéir à Amycus. Neville finit par opter pour un chuchotement, tout en lançant des étincelles inoffensives pour maintenir l’illusion. Seamus le suivit. Néanmoins, Amycus ne mit que quelques minutes à découvrir leur manège.

« Vous allez me faire le plaisir de vous y prendre correctement, ordonna-t-il. Et plus vite que ça. Mr Finnigan, à vous l’honneur. »

Seamus dévisagea Neville avec horreur. D’ordinaire, ils parvenaient toujours à éviter de se soumettre à la volonté d’Amycus, en redoublant d’ingéniosité et de discrétion. Cette fois-ci, pourtant, la fuite semblait compromise.

« Fais-le. »

Neville trouva sa voix étrange, presque sûre, tandis qu’intérieurement il redoutait furieusement la brûlure qui s’ensuivrait si Seamus s’exécutait. Ce dernier se figea, indécis.

« Bouge, Finnigan ! » s’exclama Amycus en le poussant brutalement dans le dos.

Seamus ne savait pas quoi faire. Son regard alla de son professeur à son ami, de son tortionnaire à celui qui partageait sa chambre depuis plus de six ans. Et ce dernier lui répéta :

« Fais ce qu’il te dit. Dépêche-toi ! »

Autour d’eux, les autres élèves s’étaient tus et observaient la scène avec appréhension pour les Gryffondors, et délectation pour les Serpentards.

« Seamus ! hurla Neville en fermant les yeux.

-Lashlabask ! »

Tous sursautèrent, et Amycus eut un cri de douleur. Seamus avait retourné sa baguette contre lui.

Neville sentit la peur au creux de son ventre nouer un peu plus son estomac. Qu’était-ce qu’une petite brûlure, comparé à ce qu’Amycus allait bientôt faire pour faire payer son geste à Seamus ?

Celui-ci tenait fermement sa baguette, les yeux hagards, mais Amycus le surpris en le frappant d’un coup de poing à la tête, qui l’envoya au sol. Une fille cria, mais personne ne bougea lorsque le professeur recommença, et bientôt les coups plurent sur Seamus, qui avait depuis longtemps lâché sa baguette pour essayer en vain de protéger son visage. Enfin, lorsqu’Amycus sembla un peu plus calme, il se releva, pointa sa baguette sur Seamus et lui ordonna de sortir. Le jeune homme, encore sonné, peinait à se relever, et il reçut un violent coup de pied pour ne pas s’être mis debout assez vite. Neville réagit avant que le Mangemort ne s’énerve de nouveau, et attrapa vivement le bras de Seamus pour le hisser sur ses jambes et le mener dehors.

« Personne ne vous a rien demandé, Londubat ! »

Et comme celui-ci faisait la sourde oreille :

« Diffindo ! »

Neville sentit une douleur cuisante sur son épaule, et un petit morceau de tissu vola devant ses yeux. Il serra les dents, ouvrit la porte et sortit sans accorder un regard à Amycus. Il l’entendit rugir quelque chose d’incompréhensible en le suivant. Neville se retourna brusquement et s’exclama :

« Petrificus totalus ! »

Le Mangemort tomba comme une pierre dans le couloir, et aucun élève n’osa lui venir en aide, qu’ils soient Gryffondors ou Serpentards.

« Tu n’aurais pas dû faire ça… marmonna faiblement Seamus.

-Sois gentil, boucle-la jusqu’à ce qu’on arrive à l’infirmerie », rétorqua Neville tout en réprimant difficilement une envie de vomir.






Mme Pomfresh n’eut aucun mal à remettre Seamus sur pieds, et le soir même il discutait avec Neville et Lavande dans la salle commune, pas très beau à voir mais en pleine forme.

« Arrêtez un peu de vous inquiéter pour moi, franchement, riait-il. Tout va bien. Je n’ai pas mal, c’est juste un peu de poudre aux yeux. Mme Pomfresh n’a pas le droit de nous soigner, normalement, quand on est puni, vous vous souvenez ? »

Lavande tira la langue, puis regarda sa montre.

« Parvati n’est toujours pas rentrée… »

L’ambiance s’assombrit.

« Vous pensez qu’il est en train de passer ses nerfs sur elle ? demanda-t-elle.

-Si je pense ? grogna Seamus. J’en suis sûr, oui… Je devrais peut-être y aller ? Après tout c’est à cause de moi s’il est furieux.

-Tu restes là, fit Neville. Je ne te porterais pas une deuxième fois à l’infirmerie. Et puis si Amycus est en rogne, c’est aussi ma faute. Il n’a pas dû apprécier le maléfice du saucisson.

-Qu’est-ce qu’on peut faire ? » lâcha Lavande d’une petite voix.

Seamus détourna les yeux et grimaça en guise de réponse.

Le reste de la soirée fut morne.






Au petit-déjeuner, Neville reçu une lettre, pour la première fois depuis le début de l’année. Il l’ouvrit, fut surpris de constater qu’il ne s’agissait que d’un billet, composé d’une unique phrase, signée de la main de sa grand-mère, qu’il contempla longuement sans savoir quoi faire d’autre.



Aimerais avoir de tes nouvelles, si tu as encore du temps à me consacrer.



Qu’était-il censé faire ? Lui décrire ce que l’école était devenue dans son courrier ? La lettre ne lui parviendrait jamais, ceux qui vérifiaient le courrier la déchirerait.

Il retourna le problème dans son esprit toute la journée, sans trouver de solution convenable. Quelle que soit la façon dont il s’y prenait, il ne pourrait pas faire passer cette lettre. Si la Gazette du Sorcier et la radio ne parlaient pas de ce qui se passait à Poudlard depuis la rentrée, c’était selon toute probabilité parce que personne en dehors de l’école et du Ministère n’était au courant. En tout cas, pas officiellement, mais sans doute les nouvelles passaient-elles de bouche à oreille.

Bouche à oreille…

Sans plus réfléchir, il griffonna au dos du mot de sa grand-mère :



Impossible pour l’instant. Tu en auras aux vacances de Noël.



Sans même prendre la peine de signer, il se rendit à la volière.

Et pour la première fois depuis quatre jours, il croisa Hannah.

Celle-ci le dévisagea sans dire un mot. Neville vit qu’elle tenait une enveloppe à la main, et lança, gêné par le lourd silence qui s’était installé :

« Toi aussi, tu envoies une lettre ? »

S’il avait voulu dire quelque chose de stupide, songea-t-il, il aurait difficilement pu trouver mieux.

« Oui, répondit-elle simplement. A mon oncle.

-Ah… »

Ah ? C’était tout ce dont il était capable ? Ce n’était pas comme ça qu’il allait dissiper le malaise entre eux…

Il fit de son mieux pour rassembler son courage et laissa sortir les mots qu’il brûlait de prononcer depuis l’épisode de vendredi soir.

« Hannah ? Explique-moi… »

C’était égoïste. Purement égoïste, il risquait de la faire pleurer une nouvelle fois, et en plus c’était de la curiosité morbide. Mais il ne pouvait pas s’en empêcher. C’était une torture que de l’ignorer, de ne pas savoir comment ça lui était arrivé, qui lui avait fait ça…

« Qu’est-ce qu’il y a à expliquer ? répliqua-t-elle amèrement. C’est ce qu’ils font aux gens de même naissance que moi. C’est tout. Je ne sais pas très bien quel problème on pose, mais apparemment, il y en a un. Sinon, ils n’auraient pas emmené Papa…

-Hannah… Ton père a été arrêté ?

-Oui. Maman aussi était… une Indésirable. C’était pire pour elle. Il y avait son sang, mais aussi ce qu’elle faisait, au Ministère, en faveur des Moldus.

-Je ne comprends pas bien… fit Neville. Tes parents sont des sorciers, non ? Pourquoi est-ce qu’ils t’ont… fait ça ? »

Hannah eut un rire jaune. Elle alla s’asseoir dans un coin de la volière, sûre que Neville l’y suivrait. Son hibou vint se poser son bras. Elle garda les yeux rivés sur ce dernier, et c’est en caressant ses plumes qu’elle commença à se confier.

« Les enfants de deux nés-moldus sont eux-mêmes des nés-moldus, apparemment. C’est le nouveau Ministère qui veut ça, sans doute. Alors ils sont venus nous chercher, en Août, parce que ni Papa ni moi ne nous étions présentés à la Commission d’Enregistrement des nés-moldus. Il y avait trois Aurors, ajouta-t-elle, non sans une pointe de fierté, ils devaient être au courant que même pour un voleur de magie, Papa est un sorcier exceptionnel. Et ils nous ont emmenés au Ministère. Tu sais qui j’ai vu ?

-Ombrage… » marmonna Neville.

Malgré toutes les horreurs qu’il pouvait y lire, il n’avait jamais cessé d’examiner la moindre rubrique de la Gazette du Sorcier.

« Elle a dit qu’elle me reconnaissait. Et elle a bien insisté sur le point que je n’avais jamais été une élève très douée. Ils ont beaucoup rit, dans leur tribunal. ’’Voilà ce que c’est, d’être un voleur, de désirer ce qui ne peut être à soi et de n’arriver qu’à la médiocrité !’’. Elle a dit ça comme ça. Avec son air maniéré. Ils nous ont pris nos baguettes, à Papa et moi. Après… »

Ses mains arrêtèrent leurs allées et venues sur les plumes de l’oiseau.

« Nous devions partir à Azkaban. C’était horrible…

-Je sais, répondit machinalement Neville.

-Non, tu ne sais pas ! s’étrangla Hannah. Je ne te parle pas de la prison. Je te parle d’avant, de l’attente, des gens qui crient, ceux qui sont encore forts mentalement réclament justice, les autres pleurent leurs enfants qu’ils ne reverront pas, leurs parents qui ne sont pas conscient de ce qui est sur le point de leur arriver, leurs amis qui ne savent même pas où ils se trouvent… Il y en avait beaucoup qui s’évanouissaient… Je me souviens qu’il y avait une femme enceinte à qui c’est arrivé, elle est tombée comme ça, et elle a dû se cogner la tête très fort parce qu’elle saignait. Les gens du Ministère n’ont rien fait pour elle. Rien du tout. Il y avait un guérisseur dans le groupe, il disait qu’il pouvait s’occuper d’elle, il lui fallait juste <i>une baguette</i>. Personne n’a jamais voulu lui en prêter une, évidemment. Mais peu importe. Cette femme va sans doute mourir à Azkaban, alors peut-être qu’il vaut mieux pour elle que ça aille vite… »

Ces mots transpercèrent Neville comme des violents coups de poignard. Hagrid avait dit la même chose… Ces gens méritaient-ils de mourir comme le bébé licorne, sans avoir d’autre choix qu’une mort rapide ou une lente agonie ? Quel était leur crime, pourquoi les Sang-Purs les méprisaient-ils à ce point ? Une suite de « pourquoi » auxquels il était incapable de répondre, si ce n’était par la fureur.

« Hannah… Comment se fait-il que tu sois là ? s’enquit-il. Tu dis que vous avez été emmenés à Azkaban…

-On était sur le point de partir. C’est mon oncle qui m’a sauvée. Il travaille au Ministère, il connaît beaucoup de gens importants, notamment à Sainte-Mangouste.

-A Sainte-Mangouste ? répéta Neville en haussant les sourcils.

-Je crois que je m’en rappellerai toute ma vie, continua-t-elle sans lui expliquer. Il est entré dans la salle où nous étions enfermés, avec d’autres personnes du Ministère, il s’est avancé vers mon père et il lui a dit les yeux dans les yeux : ’’je viens chercher ma fille’’. Je n’avais jamais vu mon père dans un état pareil. A la fois heureux et… meurtri. Je pense qu’il n’a pas compris que mon oncle mentait. D’un bout à l’autre. C’est la dernière fois que je l’ai vu. Ensuite, je suis sortie avec mon oncle, et nous sommes partis. »

Neville plongea dans une intense concentration, mais dans un sens comme dans l’autre, il n’y comprenait absolument rien, alors il demanda :

« Mais ton oncle, que ce soit du côté de ta mère ou de celui de ton père, il doit être de sang moldu, lui aussi, pas vrai ?

-Non. Sa femme l’est. Ma tante, la sœur de ma mère. Il n’a pas de lien du sang avec moi.

-Tu viens de dire qu’il était ton père !

-C’est ce qu’il prétend. Il a réussi à le prouver, avec l’aide de ses amis à Sainte-Mangouste… Nous y sommes allés directement après être sortis du Ministère. Nous étions encore accompagnés de deux Aurors, histoire d’éviter que je ne prenne la fuite, certainement. Je suis entrée dans une pièce, un médecin m’a regardée, il m’a dit : ’’je vais te sortir de là, ne t’en fais pas’’, et je ne comprenais pas encore ce que ça voulait dire, il a rédigé un papier et m’a fait signer, avec mon oncle. Puis un deuxième, qu’il a donné aux Aurors. Et ils sont partis en riant.

-Aussi facilement ? s’exclama Neville.

-Je ne sais pas exactement combien ça a coûté à mon oncle. En pot-de-vin, précisa-t-elle devant l’air circonspect du jeune homme. Combien ce faux papier a coûté, combien le silence de ceux qui savaient la vérité a coûté.

-Un faux papier ?

-Un test. Réalisé à Sainte-Mangouste. Pour vérifier que mon oncle est bien mon ascendant naturel. Comme il est de sang pur, cela faisait de moi une Sang-Mêlé, et ça me sauvait la vie. »

Hannah laissa un peu de temps à Neville pour assimiler le sens des mots qu’elle venait de prononcer.

« Tu sais pourquoi les Aurors riaient ? Parce que ’’pour une Sang-Mêlé, être une bâtarde, c’est le summum’’. Très amusant, pas vrai ? »

Il ne sut s’il devait répondre ou non.

« Et ton bras ? murmura-t-il.

-Ils nous ont fait ça au Ministère, dans la salle où nous étions retenus. Ils ne voulaient pas qu’on s’échappe avant d’arriver à Azkaban. Avec ça, c’est difficile. Ça ne s’enlève pas. Le guérisseur de Sainte-Mangouste a essayé. Rien à faire. Je l’aurais toute ma vie. Mais tu sais quoi ? »

Elle planta son regard dans le sien. Son hibou s’envola, l’enveloppe attachée à l’une de ses pattes.

« Le plus dur, ce n’est pas ça. Ni d’entendre les voisins murmurer à mon sujet, et à celui de ma mère. Le plus dur, c’est de se rappeler du visage de mon père. Je suis sûre qu’il a pris ce qu’a dit mon oncle pour argent comptant. Et ça a dû lui faire tellement mal… »

Sa voix était étrange, mais elle ne pleurait pas. Peut-être n’en était-elle même plus capable. Elle demeura silencieuse par la suite, et Neville cessa de la questionner. Il avait les réponses à ses interrogations, mais cela avait coûté à Hannah de revivre ce moment qui devait la hanter depuis des mois.

« Pardon. »

Il se leva et quitta la volière.

Ses pas calmes se changèrent bientôt en enjambées furieuses, et il parvint au sixième étage le souffle court, sans savoir ce qu’il était venu y faire. Il n’y avait personne, alors il donna un violent coup de poing dans le mur le plus proche et se concentra sur la douleur de sa main sans réussir pour autant à oublier celle qui étranglait son esprit à présent.

Voilà. Il savait ce qui arrivait à ceux qui étaient arrêtés.





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