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Lecture d'un chapitre



Lecture du chapitre 13
Nom de l'œuvre : Je vous rejoindrai quand il gèlera en Enfer! Nom du chapitre : Chapitre 13 : Honte
Écrit par Orube Chapitre publié le : 15/11/2011 à 09:31
Œuvre lue 27291 fois Dernière édition le : 15/11/2011 à 09:31
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Chapitre 13 : Honte






« Toi Londubat, tu n’y vas pas. »

C’était le week-end de la Saint-Valentin. Neville se réjouissait d’avance de pouvoir enfin sortir à Pré-au-Lard pour passer un peu de bon temps avec Seamus et Ginny… jusqu’à ce qu’il se retrouve face à un Rusard souriant d’arrêter les élèves notés sur la liste que, sans doute, les Carrow ou Rogue lui avait donnée.

Un peu plus tard, encore énervé de ne pas avoir pu seulement discuter et d’être contraint à rester au château, Neville croisa Seamus qui, visiblement, était soumis à la même sanction.

« Je vais à la bibliothèque, marmonna-t-il. Au moins, devant la dissertation de Sortilège, je ne pourrais pas penser à combien les autres s’amusent pendant que moi je moisis ici. »

Il planta Neville sur ces mots.






Il fallait bien qu’il trouve quelque chose pour s’occuper, lui aussi. Mais quoi ? Cela faisait longtemps qu’il avait abandonné les cours. Il ne se souvenait même pas de la dernière fois où il avait prêté attention à la voix nasillarde du professeur Flitwick. Même la botanique ne le passionnait plus autant qu’avant. Il avait l’impression, petit à petit, de perdre goût à tout.

Combien de temps erra-t-il dans les couloirs en ruminant sa colère et son ennui ? Une voix finit par le tirer de l’espèce de transe dans laquelle il s’était plongé.

« Tu n’es pas au village, Neville ? »

Il se retourna.

Derrière lui, plusieurs livres et rouleaux de parchemins dans les bras, Hannah l’observait avec une expression étonnée.

Un peu réconforté qu’elle soit à l’école, elle aussi, il réussit à prendre les choses avec ironie :

« Il y a certains privilèges qu’on ne laisse pas aux fauteurs de trouble. Et toi, pourquoi tu es restée ?

-Les devoirs, soupira-t-elle. Je pensais m’avancer aujourd’hui mais… je n’y comprends rien du tout. Ernie pourra peut-être m’aider, mais pour l’instant il n’est pas là.

-Donc, maintenant, tu n’as rien à faire ? » demanda Neville avec un espoir non dissimulé.

Hannah sourit avec chaleur.

« Rien. »






« Il fait toujours froid, pas vrai ? J’ai hâte que le temps se réchauffe. »

Ils s’étaient tous deux rendus dans le parc, dans un endroit où Neville n’était jamais allé avant, un petit coin d’herbe coincé entre la pierre froide du château et un vieil arbre.

« Je viens toujours ici quand je veux réviser, dit Hannah. C’est agréable d’être dehors quand il fait beau, et personne ne passe par là. »

Elle s’assit au pied de l’arbre, et se releva presque aussitôt.

« C’est encore trempé ! Je déteste l’hiver, rit-elle. Quelle saison tu préfères, toi ?

-Le printemps.

-Pourquoi ?

-Il ne fait ni trop chaud ni trop froid, et c’est à ce moment-là que les plantes renaissent. »

Hannah éclata d’un rire cristallin, que Neville ne lui avait pas entendu depuis des siècles, ou du moins il en avait l’impression.

« Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ? questionna-t-il, un peu vexé qu’elle rit ainsi à ses dépends.

-Rien, rien… »

Elle se reprit.

« C’est juste que je me disais que ça t’allait bien de dire ça, toi qui est passionné de botanique. »

Neville rougit légèrement. Il n’était plus certain de s’intéresser à quoi que ce soit ces derniers temps, mais il n’en dit rien.

« Vivement que le printemps arrive, alors. »

Hannah était rayonnante.

Est-ce que le printemps apporterait le moindre changement ? C’était bien la dernière chose à laquelle Neville croyait.

Hannah était toujours aussi mince. Retourner chez son oncle n’avait pas rendu à son visage sa rondeur enfantine, il semblait même que ce soit pire qu’avant. Mais pourtant, elle regardait toujours Neville avec le sourire aux lèvres et dans les yeux.

Tout à coup, il l’envia. Il aurait voulu, lui aussi, arrêter ne serait-ce que l’espace d’une journée, de penser à la guerre pour pouvoir apprécier à sa juste valeur le moment présent.

« A quoi tu penses ? lança-t-elle.

-Je me disais que j’aimerais bien pouvoir sourire comme toi, répondit-il franchement. Mais je n’arrive pas à oublier tous les à-côté, ce que la vie est devenue depuis quelques temps.

-Moi non plus. »

Elle avait l’air surprise.

« Tu sais que c’est la Saint-Valentin, aujourd’hui ?

-Oui, et alors ? fit-il en haussant les épaules.

-Si je ne suis pas partie à Pré-au-Lard avec Susan et Ernie, c’est aussi pour ça. Susan voulait qu’on y aille tous les trois. Mais je pense… »

Elle réfléchit un instant, le regard plongé dans l’herbe.

« Si Justin avait été là, je crois qu’elle n’aurait jamais voulu y aller avec nous. Elle nous aurait même virés à grands coups de pied. Elle n’avait pas l’air d’aller bien ce matin… C’est égoïste de ma part, mais je n’avais pas le courage de passer la journée avec elle. »

Neville la contempla. Elle avait un regard coupable, tout à coup, et il ne comprenait que trop bien ce qu’elle ressentait.

Fuir la tristesse était devenu le meilleur moyen de survivre, ces jours-ci.

Même si ce n’était pas du fond du cœur, même s’il y avait toutes les inquiétudes quant au quotidien, les angoisses pour ceux dont on n’avait aucune nouvelle, il fallait rire.

Rire pour ne pas pleurer.

Rire pour tenir debout et avancer.

Vers où, vers quoi ? On n’en savait rien, mais Neville avait appris au cours des derniers mois que l’immobilité était ce qu’il y avait de plus détestable, de plus frustrant au monde.

« Allons manger », proposa-t-il à Hannah.






Il était midi passé, tandis qu’Hannah et Neville déjeunaient en discutant de tout et de rien à la table des Gryffondors où ne restaient ce midi-là que les élèves de première et de deuxième année, Seamus entra dans la Grande Salle, l’air un peu moins déprimé que le matin. Il avisa Neville d’un geste de la main, puis, remarquant la présence d’Hannah, il leur adressa un sourire poli et un hochement de tête avant de s’asseoir avec un groupe de deuxième année qu’il ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam et qui le regardèrent s’installer avec des yeux ronds mais sans oser protester.






Ce fut sans le moindre doute la meilleure journée que Neville passa à l’école cette année-là. Depuis que Harry, Ron et Hermione n’étaient plus là, il avait oublié à quel point discuter de choses inutiles était agréable. Le redécouvrir en compagnie d’Hannah avait une saveur particulière, indéfinissable.

L’école désertée par les trois quarts des élèves leur appartenaient. Ils étaient libres de déambuler comme ils le souhaitaient, en entrant parfois au hasard dans les salles de classe vides à l’ambiance étrange pour en humer l’odeur de vieux bois à laquelle ils ne faisaient jamais attention d’ordinaire, ou bien pour simplement s’asseoir face au tableau et se sentir un peu seul au monde.

« Je me suis toujours demandée ce à quoi ça pourrait bien ressembler d’être toute seule dans l’école, confia Hannah. Pouvoir aller partout, explorer de fond en comble, sans jamais croiser personne, pas même les fantômes…

-Honnêtement, ça doit être plutôt effrayant, non ? fit remarquer Neville.

-Peut-être, mais quand j’étais en première année ça me paraissait d’autant plus excitant ! »

Neville admira le soleil décliner à travers l’un des grands vitraux de la pièce. Il devait être cinq ou six heures… Les autres élèves étaient sans doute déjà en train de rentrer.

« Ce que ça peut être court, une journée », marmonna-t-il.

Il se tourna vers Hannah, qui rougit légèrement et fixa son regard sur le pupitre auquel ils s’étaient assis.

« Hannah ? »

Elle releva la tête.

Neville sentit son cœur rater un battement.

Il aurait voulu lui dire quelque chose. A quel point elle comptait pour lui, ou n’importe quelle réplique que quiconque d’autre que lui n’aurait eu aucun mal à prononcer et qui aurait encore plus rosit les joues de la jeune fille. Mais il n’avait jamais été doué avec les mots, et ce n’était pas parce qu’à présent il le souhaitait de toutes ses forces qu’il allait changer en un seul claquement de doigts.

« Merci… pour aujourd’hui, parvint-il à balbutier.

-Toi aussi », lui rendit-elle avec gentillesse.

Elle eut à nouveau ce sourire doux dont il aurait souhaité qu’elle ne se défasse jamais, et avant que son cerveau ait l’indécence de lui rappeler qu’il était quelqu’un de peureux, timide et maladroit, il l’embrassa.






« Ben, tu étais où ? l’accueillit Ginny avec étonnement.

-A défaut de me promener au village, je me suis promené dans le château, répliqua Neville.

-Ah, je comprends, tenta-t-elle dans l’idée de le réconforter. C’est vraiment injuste, cette punition… En plus, ils ne sont même pas logiques avec leurs propres règles. Il y a plein d’autres élèves qui refusent de faire leurs exercices ou de les écouter… J’espère que vous ne vous êtes pas trop ennuyés, en tout cas, ajouta-t-elle avec un regard pour Seamus.

-Ça a été d’un ennui mortel », rétorqua Seamus.

Dans ses yeux, Neville lut de la moquerie, et le bref sourire qu’il lui adressa ne le détrompa pas le moins du monde.

Mais il n’avait plus du tout envie de rire.






Deux jours plus tard, en cours de Forces du Mal. Depuis le début de leur « apprentissage » du maléfice Doloris, Neville avait toujours refusé de le jeter à un autre élève, quelles que soient les menaces et les punitions que lui infligeait Amycus. A chaque cours, il rejoignait le rang des élèves punis, non sans une certaine fierté. Seamus, lui non plus, n’avait jamais cédé et avait été torturé à plusieurs reprises, mais lui avait la chance d’être par de rares moments épargnés. Amycus était trop obsédé par l’idée de plier Neville à son désir pour se préoccuper plus de lui.

Lavande avait cédé. Une fois, sous la torture, et Neville ne lui en voulait pas. Il avait passé assez de temps ce soir-là, dans la salle commune avec Parvati, à tenter en vain de la réconforter. Il ne l’avait jamais vue pleurer ainsi auparavant. Elle répétait qu’elle aurait voulu refuser, qu’elle aurait dû, que tout était de sa faute, qu’elle était faible, et Neville et Parvati peinaient à trouver les mots justes pour sécher le flot de ses larmes.

Aujourd’hui, probablement, aucun autre élève que lui n’aurait à résister. Amycus semblait à bout de nerfs et s’acharnait sur lui depuis bientôt une demi-heure. Ou peut-être avait-il l’impression que c’était plus long qu’en réalité, à cause de la douleur dans sa tête, de ses muscles qu’on tordait, de sa peau qui fondait.

La douleur s’arrêta subitement.

« Vas-y, maintenant.

-Plutôt mourir », répondit faiblement Neville pour la troisième fois.

Le visage d’Amycus vira au rouge pivoine. Il lui jeta Doloris une nouvelle fois, pendant plusieurs minutes. Puis, quand il baissa sa baguette à nouveau :

« Obéis !

-Plutôt mourir…

-Endoloris ! »

Cette fois-ci, la douleur fut brève, et Amycus poursuivit :

« Tu es aussi borné que tes parents ma parole ?! »

A nouveau, Neville sentit la douleur traverser son corps, mais le froid qui l’habitait à présent lui aurait presque fait oublier qu’Amycus le torturait toujours.

« Tu veux finir comme eux pour voir ce que ça fait, d’être complètement cinglé ? Endoloris ! Tu veux les rejoindre à Sainte-Mangouste, c’est ça ? »

La classe, sous le coup de la stupéfaction, se tut. Tandis que son cerveau enregistrait petit à petit se qui venait de se passer, Neville sentit les larmes, traîtresses, lui monter aux yeux et confirmer les dires de son bourreau.

Pas ça.

Il entend un chuchotement. Un rire. Puis un autre. Amycus prend à nouveau la parole, Neville ne l’écoute plus, il sait qu’il déroule sa vie aux yeux de tous pour le détruire. Il ne veut pas entendre ça. Il ne veut pas entendre les rires.

Pas ça.

Tout sauf ça.






Il faisait sombre à présent. Plus personne, aucune voix ne le dérangeait. Il ne se souvenait pas avoir bougé, mais il n’était plus dans la salle de classe, c’était la seule chose dont il était certain. Où se trouvait-il, alors ? Il avait chaud. Il se sentait bien. Il ouvrit les yeux une secondes, et un éclat rouge lui parvint. Il était dans son lit à baldaquin. Il ne voulut pas en savoir plus, referma les yeux et laissa le sommeil l’envahir presqu’aussitôt.






Peut-être que tout cela n’avait été qu’un cauchemar ? S’il était couché, et qu’il ne se souvenait pas de la fin de la journée, c’était peut-être qu’il avait simplement rêvé ce cours ? Il pourrait se lever, reprendre sa vie le plus normalement qu’il était encore possible de le faire à Poudlard.

Tandis que son esprit s’éveillait, il entendit la voix de Ginny, très clairement, à un mètre ou deux de lui seulement, sans aucun doute.

« Est-ce qu’il va mieux ?

-Aucune idée… Il ne s’est pas réveillé depuis.

-Tu ne penses pas qu’on devrait aller voir Mrs Pomfresh ?

-Non, je ne pense pas. Il finira bien par se lever. »

Ginny soupira. Neville l’entendit s’asseoir, et continuer :

« Qu’est-ce qu’on peut faire ? Tout le monde en parle…

-Je ne sais pas, répondit Seamus, l’impuissance transparaissant dans sa voix. Je ne connaissais même pas cette histoire. Je ne m’étais même jamais demandé pourquoi il vivait chez sa grand-mère. En fait, je croyais qu’il n’avait plus ses parents, et je ne me suis jamais posé plus de questions… »

Il y eut un court silence, que Ginny brisa d’une voix venimeuse :

« Je les hais. Quand je les entends, j’ai envie de les tuer. Les Londubat se sont battus contre Voldemort, ils ont résisté jusqu’à la fin. Ils n’ont pas le droit de les traîner dans la boue comme ça. Ils n’ont pas le droit… »

Neville se laissa à nouveau sombrer dans le noir d’un sommeil sans rêve et sans durée.






Cette musique…

C’était sa grand-mère qui la lui chantait.

Il la connaissait par cœur…

Il avait l’impression de l’avoir toujours connue. Chaque note était gravée en lui, si profondément ancrée dans sa mémoire qu’il lui semblait que cet air faisait partie de lui.

Sa grand-mère le berçait, quand elle chantait ainsi. Même ici, allongé entre ses draps, il lui semblait sentir son corps se balancer doucement, dans un va-et-vient apaisant.

Il aurait voulu retourner à cette époque.

Le visage de sa grand-mère changea peu à peu, tandis qu’il le contemplait de ses yeux d’enfants. Elle lui parut tout à coup plus jeune, plus jolie. Puis les traits changèrent complètement. C’était sa mère qui le tenait dans ses bras…






Il aurait voulu ne plus jamais avoir à rouvrir les yeux.






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